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Monde arabe : le Maroc et l’obsession de la carte

L’Algérie accueille pendant deux jours le sommet de la Ligue arabe, à partir de ce mardi 1er novembre, en dépit des tentatives marocaines de le parasiter.

De nombreux chefs d’Etat arabes dont les présidents égyptien et tunisien ainsi que l’Emir du Qatar sont arrivés à Alger et ont pris part à l’ouverture des travaux.

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L’unique incident enregistré lors des préparatifs est causé par la délégation marocaine conduite par le ministre des Affaires étrangères du royaume, Nasser Bourita, qui a contesté, entre autres, une carte du monde arabe sans le Sahara occidental.

Nasser Bourita est arrivé dimanche à Alger, simultanément avec la majorité de ses homologues arabes, pour participer aux réunions préparatoires des ministres des Affaires étrangères.

C’est la première fois qu’un responsable marocain de haut rang se rend en Algérie depuis la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays en août 2021.

Officiellement, Bourita n’a pas effectué une visite « bilatérale » en Algérie, mais il est venu en sa qualité de représentant d’un pays membre de la Ligue arabe dont le sommet se déroule dans la capitale algérienne.

Le protocole adopté était donc celui de l’organisation panarabe et c’est ce que les autorités algériennes ont dû expliquer après les protestations marocaines contre l’accueil réservé à Bourita et sa délégation.

Les règles protocolaires n’étaient néanmoins pas l’unique point qui a déplu aux Marocains.

On ne sait pas quel crédit accorder aux informations faisant état de tentatives marocaines d’inclure, lors des réunions des chefs de la diplomatie, les questions du Sahara occidental et de l’Iran, mais on sait en revanche que Bourita et ses accompagnateurs ont fait du bruit à cause d’une carte du monde arabe incluant le Sahara occidental comme un pays à part.

La carte en question a été diffusée par la chaîne de télévision internationale algérienne AL24 news, et non pas par le gouvernement algérien.

Le Maroc a haussé le ton pour moins que ça lors de précédentes rencontres internationales. L’unique carte qu’il reconnaît est celle qui inclut dans son territoire celui du Sahara occidental occupé.

Propagande marocaine

Même symbolique, le royaume attache une importance démesurée à cette question de la carte géographique dont il a fait un outil pour sa propagande en faveur de la prétendue « marocanité » du Sahara occidental.

Un petit trait horizontal mis sur une carte entre les territoires marocain et sahraoui suffit pour causer le retrait des délégations marocaines de rencontres internationales, même sportives ou culturelles.

La ligue arabe a vite réagi pour mettre fin à la polémique et ne pas donner à la délégation marocaine un prétexte pour parasiter les travaux et sortir de l’objet initial du sommet.

Le secrétariat de l’organisation a expliqué que l’unique carte qu’elle adopte officiellement est celle qui représente tout le monde arabe sans frontières, au nom justement de l’unité des États de la région. La Ligue arabe a assuré qu’elle n’a aucune relation avec le média qui a diffusé la carte.

Certains pays arabes, notamment ceux du Golfe, soutiennent ouvertement les thèses du Maroc sur la question du Sahara occidental, mais la Ligue arabe, en tant qu’organisation, n’a pas de position tranchée sur le dossier.

Avec cette mise au point, l’incident est clos mais il n’a pas échappé aux observateurs que la polémique a été suscitée alors que la présence du roi Mohamed VI au sommet n’était toujours pas exclue.

Ce n’est que le lendemain que les autorités marocaines ont annoncé officiellement que le roi ne se rendra pas à Alger pour des considérations « régionales » et « bilatérales ».

Nasser Bourita a-t-il alors protesté bruyamment dans le but de créer un prétexte qui justifierait l’absence de Mohamed VI ? Dans un entretien à la chaîne Al Arabiya, il a expliqué clairement que cet incident est parmi les raisons à l’origine du refus de Mohamed VI de participer à ce sommet. Une attitude incompréhensible puisque c’est un média qui a diffusé la dite carte.

Une affaire qui montre que Bourita était venu à Alger à la recherche de banals incidents pour justifier l’absence du roi Mohamed VI à ce sommet.

Durant son entretien à Al Arabiya, le chef de la diplomatie marocaine s’est d’ailleurs montré laborieux dans ses réponses aux questions de la journaliste sur les véritables raisons qui ont poussé le souverain à bouder le sommet d’Alger.

Quoi qu’il en soit, le Maroc fait de la symbolique de la carte un enjeu majeur dans sa quête d’imposer le fait accompli au Sahara occidental.

Pourtant, quelques jours avant la réunion d’Alger, c’est carrément le Maroc qui a disparu d’une carte du monde vue à la foire internationale de Montpellier (France).

Si le drapeau du Sahara occidental et ses frontières étaient bien visibles sur la carte, le Maroc y est présenté comme un prolongement de l’Algérie. Bien sûr, les Marocains ont vivement protesté et l’affaire, dit-on, a atterri jusque sur le bureau de Mohamed VI.

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