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Mustapha Bouchachi : « On ne peut pas mépriser les Algériens à ce point »

Mustapha Bouchachi : « On ne peut pas mépriser les Algériens à ce point »

Me Bouchachi, des parties parlent de vous en tant que potentiel futur président de la conférence nationale annoncée par Abdelaziz Bouteflika. Quelle est votre position quant à cette proposition de conférence nationale et accepteriez-vous de la présider ?

Premièrement, je dis que le peuple algérien est sorti le 22 février et le 1er mars et il va continuer à le faire, pas seulement contre le cinquième mandat mais contre toute cette mascarade des élections. Deuxièmement, moi personnellement, comme le peuple algérien, je ne fais pas confiance à un système qui nous a habitués à la fraude, au non-respect du peuple, à parler à chaque fois de réformes mais seulement dans le but de gagner du temps. Nous n’attendons pas de ceux-là qu’ils fassent des réformes. Le peuple veut aller à une autre étape sans ceux-là car ils ne peuvent produire aucune réforme.

Durant la dernière décennie, ils ont falsifié la volonté du peuple, ils ont saboté la Nation et par conséquent, ils n’ont pas la légitimité suffisante pour mener une quelconque réforme ou organiser une quelconque conférence nationale.

Nous refusons tout ça. Nous sommes contre ces élections, contre le cinquième mandat, on ne peut pas faire confiance à un système politique autoritaire qui a toujours falsifié la volonté du peuple, un pouvoir politique corrompu qui nous dit, après 20 ans de destructions des institutions et de l’être algérien, de l’être humain, qu’il veut faire des réformes.

Ce qu’ils font est une fuite en avant, les Algériens sont déterminés, ils ne veulent pas de ça, ils veulent aller vers une deuxième République ou appelons-la comme on veut, ils ne peuvent pas accepter ce genre de discours, ce genre de lettres du pouvoir. Je pense que le pouvoir veut gagner du temps, c’est tout.

Des voix parmi les citoyens vous appellent avec insistance pour représenter le mouvement de protestation populaire contre le cinquième mandat en souhaitant vous voir porte-parole de ce mouvement. Dans une vidéo que vous avez diffusée, vous avez rejeté cette proposition, pourquoi ?

Ma position à propos de ce hirak (mouvement) populaire est que j’aimerais être avec les Algériens dans la rue. J’aimerais bien sûr comprendre ce qu’ils veulent et les accompagner mais il faut que les Algériens, surtout les jeunes qui sont sortis manifester, continuent à militer de cette façon. La question m’a été posée auparavant, je leur ai répondu que je veux être avec eux (les manifestants) et non être le porte-parole de qui  que ce soit.

Je suis fier alors que je ne l’ai pas été depuis très longtemps et je pense que c’est le sentiment général, même chez nos compatriotes qui habitent à l’étranger. Laissez le mouvement, il faut être avec les jeunes mais le mouvement, pour le moment, n’a pas besoin de porte-parole à mon avis.

Bien sûr, ils peuvent choisir quelqu’un mais je pense qu’il faut surtout être avec eux et les accompagner.

Vous allez donc manifester ce vendredi ?

Bien sûr ! Je pense que les Algériens doivent continuer à manifester pacifiquement. On ne peut pas accepter ce qui nous arrive, on ne peut pas accepter tout ça. Il y a un sentiment de honte et de déshonneur lorsqu’on ramène un homme malade, que Dieu le guérisse, qui ne peut pas parler, qui ne peut peut-être pas lire, qui a des difficultés à vivre et de nous dire que c’est celui-là le candidat et celui-là qu’on va nommer président.

C’est un sentiment que je n’arrive pas à exprimer mais je dis aux gens qui sont derrière cette mascarade et n’ont pas cette fibre nationaliste, on ne peut pas mépriser les Algériens à ce point. J’espère qu’il y a au sein des institutions algériennes des hommes et des femmes éclairés qui ne peuvent pas accepter ça, comme les citoyens algériens.

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