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Normalisation : la posture intenable des islamistes marocains

Normalisation : la posture intenable des islamistes marocains

Les islamistes marocains sont sur une posture intenable depuis qu’un des leurs a signé de sa main l’accord de normalisation entre le Maroc et Israël.

En décembre 2020, le Maroc a normalisé ses relations avec Israël dans le cadre d’un accord triangulaire incluant les Etats-Unis qui ont reconnu en échange la marocanité du Sahara occidental.

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Saad Eddine El Othmani était le chef de gouvernement du royaume à l’époque. En cette qualité, c’est lui qui a signé pour la partie marocaine.

Très critiqués, El Othmani et son parti, le PJD, ont toujours soutenu que l’accord était dicté par « l’intérêt national » et ne signifiait pas l’abandon de la cause palestinienne. C’était aussi le discours des autorités officielles et de la machine médiatique du Maroc dont le roi Mohamed VI est le président du Comité Al Qods.

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Pour mieux convaincre, le PJD a invité à Rabat dans les semaines qui ont suivi l’accord, le chef du Hamas palestinien, Ismail Hania.

Cela n’a pas empêché El Othmani et son parti d’être interpellés régulièrement sur cet acte que beaucoup considèrent comme un reniement de la ligne adoptée jusque-là sur la question palestinienne.

En juin 2021, le PJD a perdu les élections législatives et El Othmani a dû quitter le gouvernement et la présidence du parti islamiste.

Une défaite que l’ancien chef du gouvernement refuse toujours d’imputer à l’implication du parti dans la normalisation avec Israël. Dans une récente interview à la chaîne de télévision Al Arabi, El Othmani estime que la défaite des islamistes n’est pas une sanction populaire pour les accords de normalisation.

« C’était un moment douloureux », reconnaît-il, à propos de la signature de l’accord. Mais, poursuit-il, c’était une décision officielle d’un Etat et il se devait de l’appliquer.

Deux ans après, El Othmani réitère les mêmes propos, à savoir que le Maroc a défendu ses « intérêts » et que la question palestinienne n’est pas sacrifiée.

El Othmani parle de la relation avec l’Algérie

« Le plus important c’est que lorsque sa majesté le roi a pris attache avec le président américain, il a été convenu la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara », raconte l’ancien chef du PJD.

« Ce qui s’est passé ne signifie pas que le Maroc a changé sa position vis-à-vis de la question palestinienne (…) Le roi a pris attache avec le président palestinien pour lui réaffirmer la continuité du soutien du Maroc au combat du peuple palestinien et à ses droits », répète-t-il.

« C’était une visite importante pour nous », indique El Othmani à propos de la venue du chef du Hamas palestinien à Rabat, « à l’invitation du PJD », précise-t-il.

Pour les islamistes marocain, il était important de démentir, à travers ce genre de visite, l’accusation d’avoir effectué un revirement spectaculaire après avoir fait pendant des décennies de la cause palestinienne un cheval de bataille.

Mais l’exercice est tout sauf aisé. Comme lorsque, dans la même interview, il est rappelé à El Othmani un article qu’il a publié en 1996 et dans lequel il qualifiait la normalisation avec Israël de trahison.

Pour toute réponse, il réaffirme que sa position n’a pas changé vis-à-vis de la cause palestinienne et qu’il se devait de respecter la décision officielle de l’Etat marocain quant à la normalisation.

La réponse très gênée de l’ancien chef du gouvernement marocain illustre la difficile posture dans laquelle se retrouvent les islamistes marocains et même toute cette mouvance dans le monde arabe.

Les accords de normalisation ont eu aussi des incidences sur les relations déjà tendues du royaume avec l’Algérie. En visite au Maroc en août 2021, Yair Lapid, alors ministre israélien des affaires étrangères, a proféré des menaces à peine voilées à l’égard de l’Algérie.

Ses propos étaient l’un des éléments qui amèneront les autorités algériennes à rompre les relations avec le Maroc quelques semaines plus tard. Mais El Othmani s’adonne au même exercice de nier l’évidence. Pour lui, la dégradation des relations avec l’Algérie est due à la seule position de cette dernière sur la question du Sahara occidental.

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