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Parlement européen : de nouveaux éléments accablent le Maroc

Parlement européen : de nouveaux éléments accablent le Maroc

Les révélations se poursuivent dans le scandale de corruption présumée de députés européens par le Maroc et le Qatar.

Le Financial Times rapporte de nouveaux éléments particulièrement accablants pour le royaume maghrébin. Ils se rapportent à l’homme-clé de l’affaire, l’ancien député européen, l’Italien Pier Antonio Panzeri.

De nombreux médias ont établi le rôle de ce dernier sur la base des premières conclusions de l’enquête. On sait que lui et sa famille ont reçu des cadeaux de Abderrahim Atmoun, ambassadeur du Maroc en Pologne, qui lui-même prenait ses ordres d’un certain Mohamed Belahrech, officier de la DGED marocaine (renseignement extérieur).

Panzeri a en fait reçu des pots-de-vin et des cadeaux du Maroc pendant dix ans, en échange de son influence sur la politique de l’UE, selon le journal économique londonien.

Une somme en liquide de 1,5 million d’euros a été découverte par les enquêteurs chez Panzeri et deux autres personnes.

L’enquête en cours était à l’origine une opération de surveillance des services secrets belges en coopération avec plusieurs autres services de renseignement européens, ciblant notamment le lobbying du Maroc au sein des institutions européennes.

« L’accent a été mis sur les efforts de lobbying de Rabat sur les droits de pêche et la reconnaissance de la souveraineté marocaine sur le territoire contesté du Sahara occidental », indique le même média, citant deux responsables proches du dossier.

Le lobbyiste le plus en vue était Panzeri. Des caméras ont été plantées dans sa villa bruxelloise et tout est parti de là. Les écoutes auxquelles il a été soumis lui et sa famille ont permis d’établir formellement des actes répréhensibles.

Sous écoute, la famille Panzeri a discuté des cadeaux d’Abderrahim Atmoun et évoqué le projet de passer une semaine fin 2022, y compris le réveillon, à la Mamounia, aux frais de Rabat.

La Mamounia est un palace de Marrakech fréquenté en son temps par l’ancien Premier ministre anglais Winston Churchill, rappelle le journal britannique.

Parlement européen : l’étau se resserre autour du Maroc

« Pier Antonio Panzeri et sa famille s’attendaient à accueillir la nouvelle année dans un hôtel cinq étoiles de Marrakech, prétendument payé par le gouvernement marocain. Au lieu de cela, l’ancien parlementaire italien, sa femme et sa fille, l’ont passé en état d’arrestation », ironise FT.

Panzeri avait l’habitude de séjourner dans cet établissement ces dix dernières années, pendant lesquelles il a défendu les intérêts du Maroc avec un tel zèle qu’il a fini par éveiller les soupçons.

Charles Tannock est un ancien député européen britannique qui a rédigé en 2013 un rapport critique sur les droits de l’homme au Maroc. Il témoigne que Panzeri semblait constamment essayer d’atténuer les critiques envers Rabat.

« Panzeri a toujours été poli et affirmait qu’il voulait simplement assurer des relations décentes avec les gouvernements de la région. J’ai été absolument sidéré quand j’ai entendu parler des allégations », déclare-t-il au FT.

Les archives parlementaires montrent que Panzeri avait des opinions favorables au gouvernement marocain dès 2010, lorsqu’il a exhorté la Commission européenne à allouer davantage de fonds au pays du Maghreb.

Son bilan électoral indique également des votes positifs sur l’accord commercial UE-Maroc et l’accord de pêche, écrit le Financial Times. Les deux accords en question ont été annulés par la cour de justice européenne.

« En 2012, l’ambassadeur Atmoun a assisté à un événement organisé par le parti démocrate italien de centre-gauche, au cours duquel Panzeri a salué la poussée démocratique du Maroc, contrairement, par exemple, à la Tunisie », lit-on encore.

Autre fait relevé par les enquêteurs, Panzeri a pu influencer les votes contre deux militants marocains présélectionnés pour le prix Sakharov des droits de l’homme du Parlement européen en 2018 et en 2021. Au lieu de soutenir le candidat marocain présenté par l’extrême-gauche en 2021, les socialistes du Parlement européen ont voté pour un candidat bolivien désigné par l’extrême-droite.

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