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Parlement européen : le Maroc toujours intouchable ?

Parlement européen : le Maroc toujours intouchable ?

Les preuves de l’implication du Maroc dans le scandale de corruption qui ébranle le Parlement européen s’accumulent.

Mais le royaume est étrangement épargné lors du vote d’une résolution, jeudi, par l’institution de Bruxelles. Le Qatar, lui, est condamné sans réserve.

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Selon des révélations recoupées par la presse européenne, l’enquête du parquet fédéral belge se concentre pourtant plus sur les agissements du pays maghrébin que sur ceux du petit émirat gazier du Golfe.

Lors du vote, jeudi, les eurodéputés ont adopté des mesures contre le Qatar, dont le gel des dossiers en cours avec ce pays et l’interdiction à ses lobbyistes d’accéder au siège du Parlement européen. En revanche, un amendement prévoyant les mêmes mesures contre le Maroc a été rejeté.

Selon les explications fournies par les députés qui ont refusé de voter l’amendement, les faits sont avérés pour le Qatar mais ceux reprochés au Maroc sont encore au stade d’ « allégations ».

Un jugement très contestable au vu des documents de l’enquête révélés par la presse. L’ambassadeur du Maroc en Pologne, Abderrahim Atmoun, est nommément mis en cause ainsi que le patron du renseignement extérieur marocain, Mohamed Yassine Mansouri.

Un accusé, Francesco Giorgi, a même avoué qu’il fait partie d’une « organisation » servant les intérêts du Maroc à Bruxelles. Giorgi est le compagnon de la vice-présidente du Parlement européen, Eva Kaili, arrêtée dans le cadre de la même affaire.

Dans ses aveux devant le juge et les policiers, il a impliqué directement la DGED marocaine (renseignement extérieur) et l’ambassadeur Atmoun.

Selon le quotidien belge le Soir, Atmoun est en passe devenir le personnage central de cette affaire.

« Nid de corruption déjà confectionné par les Marocains »

Sira Rego, la députée espagnole à l’origine de l’amendement condamnant le Maroc, estime qu’il «  ne s’agit pas seulement d’un Qatargate, mais d’un Moroccogate ».

Pour beaucoup à Bruxelles, le Qatar n’a fait que s’engouffrer dans un système de corruption des élus mis en place depuis longtemps par le Maroc.

« Les Qataris ont fait les coucous : ils se sont invités dans un nid de corruption déjà confectionné par les Marocains. Et maintenant, les derniers arrivés sont les premiers virés », juge une source du PE citée par Mediapart.

Le ministre belge de la justice a pour sa part laissé entendre qu’à son lancement en juillet dernier, l’enquête visait en réalité le Maroc par rapport à son lobbying sur l’accord de pêche avec l’Union européenne, contesté car incluant les eaux du Sahara occidental.

Ce vote en faveur du Maroc, à défaut de le blanchir, renforce au contraire les soupçons qui pèsent sur le royaume. « J’ai bien peur que celles et ceux qui ont voté contre cet amendement devront s’expliquer sur le sujet », déclare l’initiatrice de l’amendement, Sira Régo.

Loin de l’enquête, les langues se sont mises à se délier, révélant un peu plus l’ampleur et la gravité des agissements du Maroc. En France, l’activiste José Bové a apporté un témoignage saisissant sur une tentative de corruption dont il a fait l’objet de la part de l’actuel Premier ministre marocain, Aziz Akhnouche.

Bové était député européen et rapporteur de la commission « fruits et légumes » entre 2009 et 2014.

Sur France Inter, il a raconté comment Akhnouche, alors ministre de l’Agriculture du Maroc, lui a proposé de lui envoyer un cadeau « dans un café discret » à Montpellier pour le convaincre de cesser de s’opposer à l’accord de libre-échange entre le Maroc et l’Union européenne.

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