Les pays de l’Opep et non-Opep se sont mis d’accord ce dimanche 4 juin à Vienne pour prolonger les réductions afin d’enrayer la baisse des cours du pétrole sur un marché aux perspectives incertaines.
Le baril de Brent de la mer du Nord s’échange actuellement à 76 dollars le baril et le WTI à 71 dollars, loin de leurs niveaux de 2022 quand le brut avait atteint 140 dollars suite au déclenchement de la guerre en Ukraine.
Profitant de la hausse des cours, l’Algérie a exporté pour 60 milliards de dollars d’hydrocarbures en 2022, un niveau jamais atteint depuis 2014. En 2020, les exportations algériennes de pétrole et de gaz avaient baissé à 21 milliards de dollars.
Le ministre de l’Energie et des mines algérien Mohamed Arkab a participé aux travaux de la 186e réunion de la Conférence de l’Opep samedi 3 juin à Vienne, et a pris part la 35e réunion ministérielle des pays de l’Opep et non-Opep.
Marché pétrolier : des perspectives moroses
« Au cours de ces rencontres, les ministres chargés du pétrole dans la Déclaration de coopération Opep+ ont évoqué la situation actuelle du marché international du pétrole et les perspectives de son développement à court terme », a indiqué le ministère de l’Energie dans un communiqué.
A l’issue de ces rencontres, le ministre de l’Energie et des mines a affirmé que les pays de l’Opep+ sont « particulièrement attentifs par l’évolution des fondamentaux du marché mondial du pétrole. » Selon les pays producteurs, les perspectives de l’évolution du marché sont incertaines.
Selon Arkab, les pays de l’Opep+ estiment que la « situation économique mondiale devrait progresser modérément jusqu’à la fin de l’année, en raison d’une croissance faible dans les pays industrialisés, d’une inflation élevée avec une reprise modérée de la croissance économique dans les pays émergents ». Aucun indicateur n’est en faveur d’une hausse des cours de l’or noir, contrairement aux prévisions de certaines banques sur un baril à 100 dollars en 2023.
Pétrole : l’Algérie reconduit sa réduction volontaire
« A l’issue de nos discussions, les pays de la Déclaration de coopération Opep+ ont décidé de maintenir les niveaux de production fixés en octobre 2022 pour le reste de 2023 », a ajouté le ministre algérien.
De son côté, l’Algérie a décidé de prolonger sa réduction volontaire de 48.000 barils par jour jusqu’à fin décembre 2024, par « mesure de précaution », et ce en coordination avec les pays de l’Opep+, qui avaient précédemment annoncé des réductions volontaires en avril.
Cette « réduction volontaire » se fera à partir du niveau de production requis, comme convenu lors de la 35e réunion ministérielle de l’Opep+ ce dimanche 4 juin.
Pour l’Arabie saoudite, la réduction volontaire est plus conséquente : 500.000 barils par jour jusqu’à décembre 2024. La Russie a décidé elle aussi de reconduire sa réduction volontaire d’un demi-million de barils jusqu’à fin 2024.
Opep+ : dissensions entre la Russie et l’Arabie saoudite
En plus des inquiétudes sur l’évolution du marché, la réunion de ce dimanche 4 juin a révélé des dissensions au sein du groupe Opep+. Particulièrement entre les deux poids lourds du groupe. L’Arabie saoudite et la Russie.
Le premier veut resserrer un plus les vannes pour obtenir un pétrole plus cher afin d’équilibrer son budget, et le second est peu intéressé par le renchérissement des cours, dont elle ne profiterait pas en raison du plafonnement du prix de son pétrole à 60 dollars imposée par les pays occidentaux à cause de la guerre en Ukraine.
Les deux piliers de l’Opep+, qui sont aussi les deux plus grands producteurs de brut au monde, divergent sur le traitement à adopter pour enrayer la chute des prix de l’or noir, dans un marché inquiet par les craintes de récession de l’économie mondiale, la reprise poussive de l’économie chinoise, et les hausses des taux des principales banques centrales.
Des pays africains comme l’Angola, le Gabon ou le Nigeria n’étaient pas aussi favorables à une baisse plus importante de la production de pétrole.