Économie

Produire en Algérie et vendre en France : le pari gagnant de Thala

Parmi les entreprises algériennes présentes au Salon de l’agriculture à Paris 2023 qui a ouvert ses portes samedi 25 février à la porte de Versailles, la Conserverie Thala détonne par son dynamisme et mise sur l’export de produits algériens vers la France.

Au-delà d’une gamme variée de produits, cette jeune entreprise maîtrise les codes du packaging et du marketing. A ce titre, la Conserverie Thala représente un exemple pour les entrepreneurs algériens qui veulent se lancer à l’export. Sa recette est de produire en Algérie et vendre en France.

100 % des produits de la Conserverie Thala sont destinés à l’export, selon son fondateur Farid Loudahi.

Conserverie Thala : des recettes puisées dans un savoir-faire ancestral

Le succès de l’entreprise repose sur des recettes puisées dans le savoir-faire ancestral local. Ainsi, la salade méchouia est préparée avec des poivrons cuits au feu de bois et pelés minutieusement.

Quant aux ingrédients de base, la Conserverie Thala revendique l’utilisation de produits naturels sélectionnés auprès d’agriculteurs locaux.

La conserverie artisanale présente pas moins de 10 types de conserves en bocaux de verres : salade méchouia à base de poivrons, chakchouka à base d’aubergines, boufedjoukh de piments verts pilés, harissa de piments frais, purée d’ail rose, tomates séchées à l’huile d’olive, pesto au basilic.

Quand on demande à Farid Loudahi, fondateur de la Conserverie Thala, plus de précisions sur le boufedjoukh de piments verts pilés, il confie qu’il s’agit d’une recette de l’Est du pays et que le mérite revient à son épouse.

Conserverie Thala : produits nationaux et création d’emplois

La purée d’ail en bocal est préparée avec le célèbre ail rose d’Aïn M’lila. Un produit qui se conserve 3 années en bocal, nous dira l’investisseur, mais un produit au prix élevé du fait de nombreux intermédiaires.

La transformation de l’ail en purée représente un débouché intéressant pour les producteurs algériens.

Chez la Conserverie Thala, qui est basée dans le village de Thala Bouzrou en Kabylie, l’équipe de production est exclusivement féminine. Les recettes sont mises en œuvre par des opératrices formées par Farid Louhadi. Comme l’explique l’équipe de direction : « Elles sont passées de femmes au foyer à femmes actives et indépendantes contribuant à l’économie nationale. »

La Conserverie Thala publie régulièrement des annonces pour recruter du personnel : « Nous recherchons des agents de production femmes pour la préparation des recettes, la mise en boîte et l’étiquetage » avec formation « aux techniques traditionnelles de préparation. »

Conserverie Thala : la recette du succès

L’innovation et la communication semblent être les maîtres mots de cette jeune entreprise qui, très tôt, a misé sur l’exportation.

Tout en continuant de préparer son stand au Salon de l’agriculture de Paris, Farid Loudahi, la quarantaine, confie à TSA avoir travaillé dans la communication et le tourisme, avant de créer son entreprise.

C’est en 2006 qu’il ouvre son premier restaurant et s’intéresse à la conserverie. Au début, il s’agissait d’approvisionner ses établissements, mais c’est vite devenu une passion. C’est ainsi qu’il opte pour la conserverie puis, raconte-t-il, « il y avait des produits de qualité et pas chers ».

Puis, cet investisseur a « toujours voulu créer une entreprise en Algérie pour essayer de contribuer au développement du pays. »

Pendant 6 à 7 ans, il participe aux foires et salons  en Angleterre, Italie et en France avec le salon de l’agriculture, la foire de Paris et celle de Marseille. En avril dernier, lors de la Foire de Paris au Parc des expositions, l’ambassadeur d’Algérie à Paris s’est longuement arrêté sur le stand de la Conserverie Thala.

Après réflexion, la Conserverie Thala a donné la priorité à la France où « il existe un gros marché », explique Farid Louhadi. Il note que les Algériens installés en France restent attachés aux produits algériens.

Et ses produits ne passent pas inaperçus. La force de la Conserverie Thala est de ne pas utiliser de conservateur, aussi les recettes sont préparées avec des produits naturels et gardent cette saveur des produits maison. Une démarche qui séduit les consommateurs.

Les clients en redemandent et les avis élogieux tel celui de Nassima, qui dès 2018 témoignait sur les réseaux sociaux : « Belle découverte à la Foire de Paris. Je suis devenue une fidèle cliente. Produits bio algériens très bons et originaux. »

A ses débuts, la Conserverie Thala était une toute petite entreprise familiale qui a grandi et qui est aujourd’hui à la base d’emplois directs et indirects dans le village.

Farid Loudahi indique employer 20 personnes et le double en été. Actuellement, la Conserverie Thala travaille en flux tendu et en 2023, il est prévu la mise en marche d’une seconde chaîne et le passage à 70 collaborateurs. C’est par palettes entières qu’aujourd’hui la conserverie approvisionne ses points de vente.

Conserverie Thala : priorité au marché français

L’entreprise s’est solidement implantée en France, le réseau de distribution s’appuie sur des boucheries halal en région parisienne et à Marseille.

Récemment, l’antenne marseillaise de la Conserverie Thala a proposé une offre promotionnelle aux commerçants souhaitant élargir leur gamme. Une offre comportant livraison gratuite par UPS et paiement à 30 ou 60 jours.

Pour prospecter le sud de la France, la Conserverie Thala a procédé au recrutement d’un collaborateur détenteur d’une formation en marketing.

Autre marque du dynamisme de l’entreprise, l’existence depuis 2017 d’une boutique en ligne avec paiement par le système PayPlug. Un paiement sécurisé qui permet d’encaisser des paiements par carte bancaire en ligne. La livraison est offerte dès 45 euros d’achat en France, Belgique et au Luxembourg.

Fin novembre, en France, à l’occasion de Black Friday, la Conserverie Thala n’a pas hésité à proposer à ses clients des remises sur toute la boutique.

Une entreprise dans chaque village

L’équipe dirigeante de la Conserverie Thala est consciente des efforts consentis par les pouvoirs publics afin de promouvoir l’exportation de la production algérienne.

« Des organismes comme la Safex, la Banque d’Algérie, les différentes administrations nous encouragent en tant qu’exportateurs et créateurs d’emplois dans la région », affirme Farid Loudahi

Pour ce jeune entrepreneur, « la volonté et le savoir-faire d’entreprises comme la Conserverie Thala montrent que, dans chaque village en Algérie, de nouvelles entreprises peuvent voir le jour, au vu de la qualité et de la disponibilité de la matière première. »

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