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Quand la « bataille d’Alger » inspire les étudiants américains

Quand la « bataille d’Alger » inspire les étudiants américains

La révolution algérienne continue d’inspirer les défenseurs de la justice et les anticolonialistes partout dans le monde. À l’université de Stanford aux États-Unis, le film La Bataille d’Alger a été projeté aux étudiants qui manifestent pour l’arrêt de la guerre à Gaza et du soutien américain à Israël.

Parties il y a plus d’une semaine de l’université de Columbia à New York, les manifestations pro-palestiniennes se sont étendues à de nombreux campus américains.

D’Est en Ouest, de nombreuses universités américaines dont les plus prestigieuses comme Yale, Harvard, Princeton ou encore MIT sont le théâtre de manifestations estudiantines pour dénoncer la guerre à Gaza et le soutien américain à Israël.

Partout dans le pays, les mêmes scènes sont retransmises par les médias du monde entier : des tentes plantées à l’intérieur des campus où des étudiants campent en scandant des slogans hostiles à la guerre à Gaza et en dénonçant l’appui apporté par leur pays à Israël, responsable de la mort de plus de 34000 palestiniens depuis le début de son offensive sur l’enclave palestinienne en octobre dernier.

Face à l’ampleur de la mobilisation, qui intervient dans un contexte préélectoral aux Etats-Unis, les autorités américaines ont recouru dans certains endroits à la force pour déloger les étudiants.

Plusieurs arrestations sont ainsi enregistrées depuis le début de ce soulèvement inédit. Mais le plus remarquable dans ces manifestations est cette image saisissante relayée sur de nombreuses plateformes en provenance de l’université de Stanford en Californie : des étudiants en train de visionner le célèbre film « la Bataille d’Alger ».

Sorti en 1966, la « Bataille d’Alger », classé parmi les 50 meilleurs films de tous les temps, évoque un des épisodes de la guerre d’indépendance et dépeint des scènes de résistance, de sacrifice et d’engagement du peuple algérien contre le colonialisme français.

Il retrace l’histoire d’Ali La Pointe dont le nom est passé à la postérité et la lutte entre le FLN, organe de direction de la révolution, et la 10eme division parachutiste de l’armée française pour le contrôle de la Casbah, quartier historique d’Alger et fief de la rébellion.

Nommé à trois reprises aux oscars et lauréat du « lion d’or » de la Mostra de Venise, le film, réalisé par l’italien Gillo Pontecorvo d’après un livre de Yacef Saadi, a eu, dès sa sortie, un retentissement international.

Solidarité avec Gaza : le film Bataille d’Alger projeté à l’université de Stanford

S’il se heurte à la censure dans certains pays, comme la France ou encore l’Afrique du Sud, alors sous régime d’Apartheid, le film, produit dans la foulée de la dynamique des mouvements de décolonisation, va inspirer de nombreux mouvements anti-impérialistes, révolutionnaires, ouvriers et estudiantins à travers le monde.

Autant, de par son scénario et les mises en scène poussés presque à la limite de la réalité, exploit salué par des réalisateurs de renom, comme Oliver Stone, il inspire les peuples opprimés, victimes d’injustice et de ségrégation, autant il constitue une leçon d’approche pour certains services de renseignement de par le monde et les régimes confrontés à des situations de guérilla.

En 2003, après le début de la guerre en Irak, l’Etat-major de l’armée américaine avait visionné La Bataille d’Alger au Pentagone pour anticiper sur des situations qu’il pouvait rencontrer sur le terrain, notamment en milieu urbain.

«La Bataille d’Alger est un modèle d’enseignement sur la guerilla urbaine pour mieux comprendre le développement de la guerre en Irak », aurait alors déclaré Donald Rumsfeld, alors secrétaire à la défense et qui avait assisté à la projection du film.

Qui mieux que ce film pouvait galvaniser les joueurs de l’équipe nationale de football pour la consécration en coupe d’Afrique en 2019 ?

C’est pourtant, la recette qu’a choisi l’ex sélectionneur national Djamel Belmadi pour motiver sa troupe. La suite appartient à l’Histoire.

Et aujourd’hui, ce film qui est projeté régulièrement dans l’école des Amériques, un centre de formation militaire américain, cristallise l’intérêt de la prestigieuse université de Stanford.

C’est dire tout le rayonnement encore vivace de la révolution algérienne et son impact sur tous les peuples épris de liberté et qui luttent pour leur émancipation.

C’est le dans le film la Bataille d’Alger que Larbi Ben M’hidi, l’un des héros de la guerre d’Algérie qui venait d’être arrêté par les parachutistes français, répliquait à une question d’un journaliste sur l’utilisation des couffins pour dissimuler les bombes pour les poser dans des cafés et des restaurants de la capitale :  « Donnez-nous vos bombardiers, on vous donnera nos couffins ».


Une réponse qui a traversé le temps et qui reste toujours d’actualité. Dans la guerre à Gaza, il y  a d’un côté Israël qui utilise des bombardiers et des moyens militaires sophistiqués pour venir à bout des combats palestiniens dont les armes se résument à des lance-roquettes et des mitraillettes. 

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