Économie

Quand un iPhone coûte une fortune en Algérie

Il n’y a pas que les voitures qui coûtent une fortune en Algérie. Les prix de certains produits ont connu une hausse vertigineuse et ne sont plus à la portée, même des gens aisés. C’est le cas des iPhones.

Le 16 septembre, Apple a lancé ses tout derniers joujoux technologiques : l’iPhone 14, l’iPhone 14 Pro et l’iPhone 14 Pro Max.

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Les trois modèles 5G fonctionnent sous iOS 16, la dernière version du système d’exploitation de la marque à la pomme.

En France, les prix de ces nouveaux iPhones varient selon le modèle : à partir de 1 019 euros pour l’iPhone 14, à 1 329 euros pour l’iPhone 14 Pro et à 1 479 euros pour l’iPhone 14 Pro Max.

En Algérie où il n’y a pas d’importation ni de montage de smartphones, l’iPhone 14 Pro Max est proposé sur la plateforme OuedKnis au prix de 410 000 DA, soit 20 fois le salaire minimum national garanti (SNMG), ou 2000 euros, au cours de la cotation de la monnaie unique sur le marché noir.

En plus des iPhones, d’autres modèles de téléphones se vendent dans les boutiques malgré les restrictions à l’importation ? Comment font les boutiques, qui sont achalandées, pour s’approvisionner ?

La piste de l’informel est avancée. « Les fabricants ne font pas de publicité pour leurs nouveaux téléphones ici en Algérie parce qu’il n’y a pas d’importation (…) La nature a horreur du vide. Vous suspendez les importations, les gens vont recourir à l’informel », explique un vendeur de téléphones.

Le règne de l’informel

Ces smartphones se vendent sur le marché algérien sans facture, ni garantie ou service après-vente (SAV). Le client est livré à lui-même. La mainmise de l’informel sur le marché des smartphones a aussi conduit à une raréfaction des produits et à une hausse des prix.

Comment le marché algérien des smartphones a-t-il basculé dans l’informel ? « Ce qu’il se passe dans la filière des téléphones portables est une petite image de ce qui arrive dans la filière automobile », compare le président de l’Association de protection du consommateur (APOCE), Mustapha Zebdi, évoquant les restrictions à l’importation et les nouvelles taxes.

« Bien évidemment quand il y a une restriction sur le formel, c’est l’informel qui apparaît et il se manifeste de deux manières : avec le cabas ou via l’achat en ligne. Des gens utilisent plusieurs noms pour ne pas être repérés », explique M. Zebdi.

Le tournant dans la filière de l’industrie des téléphones s’est opéré, selon Zebdi après les mesures prises par l’ancienne ministre de l’industrie, Djamila Tamazirt, aujourd’hui en prison après avoir été condamnés pour des faits liés à la corruption.

« Elle a cassé la filière. On a été la seule organisation à avoir répondu à son communiqué. A l’époque on exportait les portables, l’ancienne ministre est venue et a cassé la filière laquelle. Depuis, n’a pas connu de stabilité », a poursuivi Mustapha Zebdi dans une déclaration à TSA.

En novembre 2020, le ministère de l’Industrie avait annoncé que le montage local des téléphones mobiles avait été soumis au droit ordinaire et ne bénéficierait plus du dispositif d’importation des collections SKD/CKD, tel que stipulé par le Projet de loi de finances pour 2020.

« L’opérateur souhaitant produire des smartphones en Algérie paiera les taxes d’importation des composants sans bénéficier d’avantages comme c’est le cas des montages industriels précités (automobile, électronique et électroménager) », avait expliqué à l’APS, une source au ministère de l’industrie.

Le Collectif des fabricants de l’électronique, de l’électroménager et des mobiles avait immédiatement réagi dans une lettre adressée à la ministre Djamila Tamazirt. Le collectif avait alerté que cette décision était porteuse de « répercussions néfastes aussi bien sur les producteurs que sur l’économie nationale ».

Pour tenter de relancer l’industrie des téléphones, un expert en TIC, contacté par TSA, suggère la mise en place de « chaînes de montage avec un minimum de 40% de taux d’intégration pour créer de l’emploi » et concomitamment faire baisser les prix des smartphones.

Le président de l’Apoce juge « important » que la filière soit relancée. « Chez nous, l’industrie de l’électronique  est prometteuse. Nous avons acquis un savoir-faire et une avance par rapport à d’autres pays. Je pense qu’il ne faut pas tarder à récupérer cet acquis pour notre autosuffisance et aussi pour l’exportation », conclut M. Zebdi.

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