Politique

Reconnaissance de la torture durant la guerre d’Algérie : le dossier rebondit en France

Le président français, Emmanuel Macron, a fait des gestes dans le sens de la reconnaissance de la pratique de la torture par l’armée coloniale pendant la guerre d’Algérie, mais ce n’est pas assez, estiment plusieurs associations qui sont revenues à la charge à travers un dossier transmis à l’Élysée. Le dossier a été rendu public, ce lundi 4 mars.

Dans le cadre de son initiative de « réconciliation des mémoires », Emmanuel Macron avait fait plusieurs annonces importantes concernant la pratique de la torture pendant la Guerre de libération nationale.

En septembre 2018, il a reconnu, dans une déclaration officielle, que le résistant algérien, Maurice Audin, avait été « torturé à mort par des militaires qui l’avaient arrêté à son domicile » en juin 1957 pendant la Bataille d’Alger. Dans sa déclaration, Emmanuel Macron avait fait état de l’existence pendant la guerre d’Algérie d’un « système légalement institué qui a favorisé les disparitions et permis la torture à des fins politiques ».

Le 3 mars 2021, le président français a reconnu que le militant et avocat algérien, Ali Boumendjel, a été « torturé et assassiné » par l’armée française, également en 1957. Le 8 mars 2023, il a déclaré que la militante algérienne Djamila Boupacha, condamnée à mort en 1960, a été « accablée » par « l’humiliation, la torture et le viol » pendant sa détention. C’était à l’occasion d’un hommage rendu à son avocate Gisèle Halimi.

L’Élysée avait, en outre, fustigé en octobre 2022 ceux qui, « mandatés par le gouvernement pour la (guerre d’Algérie) gagner à tout prix, se sont placés hors de la République ». « Cette minorité de combattants a répandu la terreur, perpétré la torture », avait écrit la présidence française dans un communiqué.

Les auteurs du dossier divulgué, ce 4 mars, reconnaissent qu’il s’agit d’une reconnaissance « importante » et « courageuse », mais ils la jugent « incomplète ».

Torture pendant la guerre d’Algérie : des associations françaises reviennent à la charge

Parmi la vingtaine d’associations signataires, figurent la Ligue des droits de l’Homme (LDH), l’association Agir contre le colonialisme aujourd’hui (ACCA) et le collectif des « anciens appelés en Algérie ».

Les associations soulignent d’emblée que la reconnaissance de la torture ne constitue aucunement un acte de « contrition », mais « un acte de confiance dans les valeurs de la nation ». Nils Andersson, président de l’association ACCA, a expliqué à l’AFP que la reconnaissance effectuée jusque-là est incomplète, car « elle n’établit pas de chaîne de responsabilités ».

Ce que les associations demandent, c’est la reconnaissance par l’État français de sa responsabilité dans la torture pratiquée par ses agents pendant la guerre d’Algérie. « La torture comme système de guerre a été théorisée, enseignée, pratiquée, couverte et exportée par les gouvernements français, ce qui engage pleinement la responsabilité de l’État », écrivent-elles, déplorant au passage le fait qu’elles n’aient pas été reçues par la présidence française.

L’objectif de l’initiative, explique encore Nils Andersson, est de « comprendre comment cela a été possible et avancer dans le vivre ensemble » et de « regarder l’histoire en face ». « Il ne s’agit ni de condamner ni de juger », a-t-il dit.

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