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Réouverture des frontières : des spécialistes répondent aux critiques

Réouverture des frontières : des spécialistes répondent aux critiques

L’annonce de la reprise des vols internationaux d’Air Algérie à partir du 1er juin prochain a été accueillie avec soulagement par la communauté algérienne établie à l’étranger.

Cependant, leur enthousiasme s’est vite estompé en raison des mesures jugées draconiennes pour l’entrée en Algérie. En effet, dans un communiqué publié hier lundi, le gouvernement exige des voyageurs algériens un test PCR de moins de 36 heures et une mise en quarantaine de cinq jours. Les frais de dépistage et de confinement sont à la charge du passager.

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Nos compatriotes s’interrogent sur l’utilité d’un confinement si une personne présente un test PCR négatif ou un certificat de vaccination

A cet effet, TSA a donné la parole à deux spécialistes de santé publique pour tenter d’apporter des réponses à ces interrogations.

« Nous avons donné notre avis en tant qu’experts et ce depuis plusieurs semaines. Nous avons dit qu’au vu de la situation épidémiologique chez nous mais aussi ailleurs, et surtout ailleurs, ces mesures s’imposent », pointe d’emblée le Dr Mohamed Yousfi, président de la Société algérienne d’infectiologie (SAI) qui dit avoir toujours plaidé pour laisser les Algériens rentrer au pays.

« En particuliers ceux qui ont des cas de force majeures tels que les décès. Il faut que ce soit clair, ce principe nous l’avons toujours dit et il est toujours valable », poursuit le spécialiste pour anticiper toute mal-interprétation de ses propos.

Quant au dispositif mis en place par le gouvernement pour la réouverture des frontières, le Dr Yousfi rappelle qu’il est similaire à celui que beaucoup de pays appliquent jusqu’à aujourd’hui. Il cite l’exemple du Canada. Tout en assurant toutefois que les mesures ne sont pas figées.

« Un protocole sanitaire qui est valable aujourd’hui peut ne pas l’être dans une semaine », et ce en fonction de l’évolution de la situation sanitaire en Algérie et dans les pays de provenance.

« On a ouvert une fenêtre mais on n’a pas encore ouvert la porte »

« Ce n’est pas une mesure de restriction », estime l’infectiologue. « Le fait d’avoir une PCR négative n’est pas suffisant, vous pouvez faire un covid le lendemain ou deux jours après, c’est pour cette raison qu’il y a ce confinement de cinq jours », martèle le chef de service des maladies infectieuses à l’EPH Boufarik.

La double PCR est d’autant plus nécessaire, souligne le Dr Yousfi, qu’il y a de très fortes probabilités qu’une personne infectée le soit par un des variants de la souche originelle du Sars-COV-2 majoritaire dans beaucoup de pays.

Des compatriotes ont proposé d’exempter les personnes vaccinées de la période de confinement. Le Dr Yousfi estime que pour l’instant la vaccination ou le passeport vaccinal n’est pas encore appliqué y compris dans les pays de provenance.

« Le niveau de vaccination n’est pas le même dans tous les pays et dans le même pays toutes les catégories ne sont pas logées à la même enseigne », explique l’infectiologue.

« L’Etat a décidé de commencer ce dispositif sanitaire. Cela ne veut pas dire que la situation ne va pas évoluer », enchaîne le Dr Mohamed Bekkat Berkani, membre du comité scientifique de suivi de du covid.

Il admet néanmoins que la fréquence des vols (5 par semaines) n’est pas suffisante. Avant de tempérer : « Il faut tenir en compte nos capacités. D’abord le voyage aérien en lui-même, ouvrir les aéroports prévoir des structures d’accueil dans les aéroports et dans les hôtels d’accueil, etc. ».

Le Dr Bekkat Berkani préfère mettre en valeur le côté positif de la mesure. « On a ouvert une fenêtre mais on n’a pas encore ouvert la porte », schématise-t-il.

Pour le pneumologue, l’Algérie est dans une situation de « faiblesse immunologique » due à la faiblesse de la vaccination. L’Algérie n’est par conséquent pas disposée à une ouverture tous azimuts de ses frontières. « Notre diaspora a parfaitement raison de s’impatienter, en particulier les cas prioritaires, les malades et les personnes qui ont peur de mourir en terre étrangère », conclut le Dr Bekkat Berkani.

Dans un entretien au site spécialisé visa-algerie.comle Pr Mohamed Belhocine, membre du comité scientifique, relativise. Il a défendu les mesures prises par le gouvernement.

« On peut analyser la situation de différentes manières, selon que l’on soit un usager ou un responsable chargé de protéger la santé publique d’une population. D’aucuns pourront trouver que le verre est à moitié vide et d’autres diront que le verre est à moitié plein. L’essentiel est de se rappeler que nous n’en avons pas encore fini avec l’épidémie », a-t-il dit.

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