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Sahara occidental : nouvelles déconvenues pour le Maroc

Sahara occidental : nouvelles déconvenues pour le Maroc

Les déconvenues se multiplient pour le Maroc sur le dossier du Sahara occidental. Encore englué dans le retentissant scandale Pegasus, le royaume reçoit une nouvelle qu’il ne risque pas de trop apprécier.

La Justice espagnole a décidé de classer définitivement l’affaire du président de la République Sahraouie, Brahim Ghali, rapporte ce jeudi plusieurs médias dont le quotidien marocain Le Desk.

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La décision survient alors que le Maroc n’a rien glané de la visite du sous-secrétaire d’Etat américain pour le Moyen-Orient, en tournée cette semaine dans la région.

L’hospitalisation de Brahim Ghali en avril dernier dans une clinique espagnole après son infection au covid-19 avait donné lieu à une crise diplomatique, qui n’est toujours pas réglée, entre le Maroc et l’Espagne.

La diplomatie marocaine a protesté contre l’accueil du secrétaire général du Front Polisario et exigé son arrestation, étant sous le coup d’une plainte d’une organisation pro-marocaine pour « génocide ».

Ghali a été entendu le 1er juin par un juge espagnol qui n’a retenu aucune charge contre lui, jugeant les arguments présentés par les plaignants non convaincants. Il est rentré le lendemain à Alger où il a poursuivi les soins à l’hôpital militaire de Aïn Naâdja.

Ce jeudi 29 juillet, la justice espagnole a annoncé le classement définitif de l’affaire.  Le tribunal de l’Audience nationale, la plus haute juridiction espagnole, a indiqué que le juge en charge de l’affaire « a décidé de classer la plainte déposée par l’Association sahraouie pour la défense des droits de l’homme (ASADEDH, pro-marocaine, ndlr) contre le leader du Front Polisario Brahim Ghali pour des délits de génocide en relation avec des faits présumés commis contre des citoyens marocains entre 1975 et 1990 ».

L’arrêt de la juridiction espagnole est un véritable camouflet pour la partie plaignante qui, semble-t-il, a présenté un dossier vide. Le juge en charge du dossier a en effet estimé que « les faits sont prescrits, la commission du délit de génocide n’est pas établie, et les témoignages des témoins contredisent les affirmations contenues dans la plainte », indique la même source.

« Hardiesses » répétées

Pour faire pression sur l’Espagne suite à l’hospitalisation de M. Ghali sur son territoire, le Maroc avait utilisé la carte migratoire en laissant environ 12 000 migrants, dont des enfants non accompagnés, franchir la frontière avec l’enclave espagnole de Ceuta entre 17 et le 19 mai.

Ce qui a valu au royaume une condamnation franche par le Parlement européen par le biais d’une résolution adoptée le 10 juin.

Avant sa crise avec l’Espagne, le Maroc s’était embrouillé avec un autre grand pays de l’Union Européenne, l’Allemagne, à laquelle il reprochait « des actes hostiles », ses positions sur le Sahara occidental et « un acharnement continu à combattre le rôle régional du Maroc », notamment dans le dossier libyen. En janvier 2020, l’Allemagne avait invité l’Algérie à la conférence de Berlin sur la Libye, mais pas le Maroc.

A la mi-juillet, un gros scandale éclate et éclabousse gravement le pays du roi Mohamed VI. Le journal français Le Monde et 16 autres rédactions ayant eu accès aux données d’une enquête des organisations Forbidden Stories et Amnesty International, révèlent que le Maroc a utilisé le logiciel espion israélien Pegasus pour espionner des journalistes et opposants critiques et des dirigeants étrangers, parmi lesquels le président français Emmanuel Macron.

L’Algérie est le pays le plus visé par cette opération d’espionnage avec 6000 téléphones ciblés, dont certains appartenant à de hauts responsables de l’Etat et de l’armée entre 2017 et 2019.

Beaucoup ont dénoncé ces derniers mois les « hardiesses » répétées du Maroc suite au deal triangulaire conclu en novembre dernier avec les Etats-Unis et Israël, incluant le rétablissement des relations avec Tel-Aviv et la reconnaissance par les Etats-Unis de la souveraineté marocaine sur les territoires sahraouis occupés.

La donne a néanmoins changé avec le départ de Donald Trump de la Maison-Blanche et l’élection de Joe Biden.  La nouvelle administration américaine s’efforce à rééquilibrer sa politique sur le dossier sahraoui. Début juin, Joe Biden avait refusé que les manœuvres Lion 2021 se déroulent au Sahara occidental.

La dernière déconvenue en date pour le Maroc est survenue avec la visite dans la région du secrétaire d’Etat adjoint américain aux affaires du Proche-Orient, Joey Hood.

En visite cette semaine à Alger et à Rabat, M. Hood a réitéré le soutien de son pays à  « un processus politique crédible dirigé par l’ONU » pour le règlement du conflit Sahraoui et a appelé à la nomination d’un nouvel envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU.

Surtout, il n’a pas dit franchement que Washington maintiendra sa reconnaissance de la souveraineté marocaine sur les territoires du Sahara occidental.

Un ton qui tranche avec les déclarations pro-marocaines faites début janvier à Alger par le secrétaire d’État américain adjoint pour le Proche-Orient et l’Afrique du Nord, David Schenker. A l’époque Trump était encore à la Maison-Blanche.

« Chaque administration a la prérogative de définir sa politique étrangère. Ce que je peux dire, c’est que les États-Unis continuent de croire que seules les négociations politiques sont capables de résoudre les problèmes entre le Maroc et le Polisario. Nous pensons que les négociations devraient avoir lieu dans le cadre du plan d’autonomie marocain », avait déclaré M. Schenker en conférence de presse.

Des déclarations qui n’ont pas plu à l’Algérie. Sabri Boukadoum, alors ministre des Affaires étrangères, a dit au responsable américain que l’Algérie souhaitait « l’impartialité » des Etats-Unis dans les questions liées à la résolution des conflits internationaux, allusion au Sahara occidental.

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