Économie

Salon de l’agriculture de Paris 2023 : l’Algérie en force

Au Salon international de l’Agriculture de Paris qui a ouvert ses portes samedi 25 février au parc des expositions de la porte de Versailles, les visiteurs se pressent autour du stand de l’Algérie.

Nombreux sont les produits exposés : dattes, agrumes, huile d’olive, conserves, épices ou artisanat.

Les visiteurs dégustent les dattes ou achètent de l’huile d’olive et conserves en bocaux de verre. Au-delà des dégustations se nouent également des contacts entre agriculteurs algériens avec d’éventuels partenaires étrangers.

Le jour de l’ouverture, dans le pavillon « Agriculture du monde », l’effervescence est réelle autour des participants algériens. Ci et là en début de matinée, quelques  palettes cerclées de film plastique, des cartons fébrilement ouverts, et des étagères que chacun garnit.

Dans un stand, un exposant recherche désespérément le carton contenant ses prospectus. Dans un autre, il manque des étagères.

Les visiteurs continuent d’affluer et sont particulièrement intéressés par les dattes Deglet nour d’Algérie. Un visiteur demande : « Et les oranges exposées, peut-on y goûter ? » Bien que trois caisses soient visibles au fond du stand, refus poli de l’exposant de Gvapro. C’est qu’il faudra tenir jusqu’au 5 mars, soit la fin du salon. En parallèle, l’exposant jette un coup d’œil inquiet sur la pile de prospectus.

Salon de l’agriculture de Paris : le stand Algérie attire la foule

Le ministère de l’Agriculture et du Développement rural algérien est représenté par le Groupe de valorisation des produits agricoles (Gvapro). Sont également présents : l’Entreprise nationale d’agréage et de contrôle technique (ENACT), FrigoMedit qui est l’entreprise de stockage et l’Algérienne des viandes rouges (Alviar).

Gvapro gère 74 fermes agricoles dont certaines sont engagées dans un partenariat public et privé à l’image de la Compagnie algérienne de trading Mitidja (CATM) qui produit des fruits et légumes et possède des ateliers modernes de tri et de conditionnement.

L’Office national des aliments du bétail (Onab) est représenté par son chargé de communication. Cet office est l’une des seules entreprises du secteur agricole algérien qui accorde une importance à sa communication institutionnelle. Sur le stand, des échantillons des produits phare de l’office sont présentés : matières premières utilisées et compléments minéraux vitaminés.

À proximité, dans la même gamme d’activités est présente la branche agricole du groupe privé Tahraoui. Un groupe installé à Biskra et qui dispose de plus de 400 hectares de maraîchage en plein champ et sous serre, des palmeraies ainsi qu’une unité de conditionnement pouvant traiter jusqu’à 5 tonnes par jour de fruits et légumes répondant aux normes internationales.

Huile d’olives et figues sèches

Nombreuses sont les entreprises algériennes venues présenter de l’huile d’olive. Si certaines disposent d’un packaging aux normes, d’autres exposent des contenants en matière plastique ou des bouteilles en verre transparent là où le verre opaque est indispensable.

L’entreprise familiale Tiwal Royaume de Beni Maouche (Béjaïa) présente son huile d’olive traditionnelle pressée à froid, des olives sèches en paquets et les célèbres figues de Béni Maouche, seul produit avec les dattes Deglet Nour d’Algérie qui possède un label. Originalité, les figues sèches sont présentées en emballage sous vide ou en bocal avec de l’huile d’olive.

Très soucieux de la qualité des produits, Bouguider Elys, le représentant de l’entreprise, indique n’utiliser ni fumigation à base de soufre, ni insecticides.

Epices et frik pour chorba

Également présente, la célèbre Maison Lahlou (pâtes alimentaires). Une maison qui en 2005 a remporté en Italie la médaille d’or du meilleur couscous. Sa qualité vient du fait qu’il est roulé à la main.

Cette entreprise familiale créée en 1999 à Frikat (Draâ El Mizan) n’a pu présenter ce produit phare du fait des restrictions à l’exportation concernant le blé et ses dérivés.

Cependant, sur le stand, des échantillons de couscous aux orties et toute une gamme de frik, ce blé grillé indispensable pour la chorba, sont exposés. Le frik est produit dans la région de Biskra et la Maison Lahlou assure sa commercialisation.

La société El Sabah de Blida présente toute une gamme de conserves en bocaux : mechouia, piments, olives dénoyautées. Une particularité : une sauce pour pizza conditionnée en boîte métallique de 4 kg.

Dans le même registre, la dynamique conserverie Thala (Tizi-Ouzou) présente un choix élargi de conserves en bocaux.

Plus loin, la société Mushroom Bladi de Béni Amrane (Boumerdes) propose des champignons. Des lamelles de pleurotes conditionnées dans des barquettes ou sous forme de poudre.

Voyage à travers le Salon de l’agriculture de Paris

À l’heure du déjeuner, la traversée du pavillon Produits et saveurs de France réservé à la gastronomie régionale et aux produits de la vigne est difficile. Les stands sont pris d’assaut par les visiteurs.

Des groupes de jeunes sillonnent les allées avec assiettes en cartons et gobelets. Parfois, le pique-nique se fait à même le sol sur la moquette.

Au niveau du pavillon Services et métiers de l’agriculture, bien que fournie, l’affluence est moindre. Au stand d’Agritech Paris, l’école supérieure d’agronomie, est présent un membre de l’Académie d’agriculture de France.

Puisant dans ses souvenirs, il raconte avoir dirigé une usine d’arômes en Tunisie et en Algérie. « J’approvisionnais l’usine Hamoud Boualem », confie-t-il avec fierté.

À ses côtés, un ancien commercial ayant travaillé en Algérie : « J’y suis allé dans les années 1970 pour une commande de 1.000 pulvérisateurs portés et 1.000 autres traînés. Nous n’avions jamais reçu une commande aussi importante. »

Près du stand Intercéréales, rencontre avec une imposante délégation ministérielle d’Afrique de l’Ouest. Des officiels français expliquent l’importance de la filière française de céréales.

À la question des relations entre la filière française et l’Algérie, un des officiels français nous confie : « Cette région d’Afrique représente 250 millions d’habitants. Des pays sans grands moyens financiers. Ce n’est pas comme l’Algérie. L’Algérie a de l’argent. » Le gros de la délégation continue son chemin sous l’œil attentif des agents du service de sécurité aux costumes impeccables.

Des biscuits à base de pois chiche

Arrêt à proximité du stand de la filière oléagineux de France. Une simple table sur laquelle sont déposés des paquets de biscuits et des bocaux de pâte à tartiner. Originalité, ces produits sont fabriqués à base de légumes secs.

Un jeune ingénieur explique que les biscuits proviennent de son entreprise et qu’ils contiennent 50 % de farine de pois chiche et 50 % de blé. Quant à la pâte à tartiner, une jeune femme indique qu’ils sont également constitués de pois chiche et de féverole.

Des visiteurs y goûtent et se réservent : « C’est drôlement bon », lâche l’un d’entre eux qui ajoute : « Cela a un goût de marron. »

Questionné sur son entreprise, le jeune investisseur explique sortir de l’école d’agronomie de Dijon et être spécialisé dans l’extrusion alimentaire, un procédé industriel nouveau.

« J’ai d’abord produit des curly de pois chiche à l’aide d’une extrudeuse », nous confie-t-il. Il ajoute avoir des collègues spécialisés dans l’utilisation d’extrudeuses alimentaires qui parcourent le monde et qui seraient éventuellement prêts à venir en Algérie si des investisseurs le leur demandaient.

Retour vers le stand de l’Algérie. L’affluence est à son comble et les caissettes de Deglet Nour d’Algérie offertes à la dégustation sont bien entamées.

À proximité, le stand de la Tunisie. Pas de représentation officielle, mais 4 entreprises privées et une publique qui se sont associées pour être présentes à Paris. Orange, dattes, flacon d’huile de pépins de figuier de Barbarie à 50 euros, épices et huile d’olive.

Plus loin se trouve le stand du Maroc avec présentation de dattes et d’huile d’argan. Un stand devant lequel retentit de temps en temps les percussions assourdissantes d’une troupe musicale composée de « drebki ».

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