Économie

Situation sociale en Algérie : ce que révèlent les chiffres

Les chiffres sur le chômage et la solidarité durant le Ramadan illustrent le caractère social de l’État, mais aussi l’ampleur de la paupérisation de la société algérienne.

En annonçant les récentes augmentations de salaires, le président Abdelmadjid Tebboune a reconnu qu’elles n’étaient pas suffisantes face à la hausse de l’inflation et au recul du pouvoir d’achat des Algériens.

Les chiffres rendus publics régulièrement par les responsables et les instances officielles traduisent l’étendue de l’impact de la hausse du coût de la vie sur de nombreuses franges de la société algérienne.

Depuis son élection en décembre 2019, le président de la République Abdelmadjid Tebboune a multiplié les mesures pour soutenir le pouvoir d’achat.

Outre le maintien de la politique sociale de l’État à travers les subventions et autres transferts sociaux, et une lutte implacable contre la spéculation sur les produits de première nécessité, Abdelmadjid Tebboune a décrété plusieurs mesures concrètes et ciblées, parmi lesquelles l’abattement ou la suppression de l’impôt sur le revenu global (IRG) pour les bas salaires (moins de 30.000 dinars), l’augmentation du salaire minimum garanti (SNMG) de 18.000 à 20.000 dinars, l’institution d’une allocation chômage pour les jeunes sans emploi et l’augmentation des salaires des fonctionnaires, des pensions de retraite et du montant de la même allocation chômage qui passe de 13.000 à 15.000 dinars.

Néanmoins, tout cela reste « insuffisant », de l’aveu même du chef de l’État qui a expliqué qu’il a opté pour des augmentations progressives, par « doses homéopathiques », afin d’éviter de provoquer l’effet contraire de celui escompté de ses mesures, c’est-à-dire une forte inflation qui rendrait caduques les décisions sociales annoncées.

L’inflation est déjà très élevée en Algérie avec un taux de 9,2 % en 2022, selon les chiffres officiels.

Le chiffre est néanmoins à relativiser d’abord parce que dans le panier de référence on y trouve des produits dont les prix sont plafonnés par l’État. Ensuite, dans le sillage des retombées de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine, certains pays enregistrent une inflation à deux chiffres.

Toutes les mesures décrétées ces derniers mois sont justifiées par l’inflation en cours et la détresse sociale dont l’ampleur est justement révélée par les chiffres officiels dévoilés régulièrement.

Algérie : la détresse sociale par les chiffres

Évoquant sur les ondes de la radio algérienne l’opération de solidarité pour le Ramadan de cette année 2023, un responsable du ministère de la Solidarité nationale a révélé que l’opération concerne cette année 2,4 millions de familles.

Ces dernières recevront chacune un chèque de 10.000 dinars. Le « couffin du Ramadan », distribué il y a quelques années, a été remplacé par un chèque pour une meilleure gestion de l’opération. Presque deux millions et demi de familles concernées, le chiffre est considérable en comparaison avec la taille de la population algérienne qui est de 45 millions d’habitants.

Le même responsable a dévoilé un autre chiffre qui démontre cette fois l’ampleur du chômage en Algérie. Selon lui, deux millions de jeunes se sont inscrits pour bénéficier de l’allocation chômage.

En janvier dernier, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Youcef Cheurfa, avait déjà avancé le chiffre de 1,9 million de bénéficiaires de cette allocation. Deux millions de chômeurs, uniquement parmi la population âgée de 19 à 40 ans, c’est aussi énorme.

En octobre dernier, le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane avait révélé devant le Parlement que l’opération d’abattement ou de suppression de l’IRG avait concerné 5 millions de retraités et de salariés.

Les concernés sont ceux qui percevaient des salaires ou des pensions de 30.000 dinars ou moins (220 dollars au taux actuel).

Ces chiffres, censés refléter l’ampleur de la paupérisation de la société algérienne, doivent néanmoins être nuancés en l’absence de mécanismes de recensement numérisés.

Seule la numérisation totale de l’administration permettra d’identifier ceux qui ont véritablement besoin de l’assistance de l’État et de connaître leur nombre avec exactitude.

Par deux fois cette semaine, le président de la République s’est emporté contre le retard de la mise en œuvre de son projet de numérisation de tous les secteurs.

 

SUR LE MÊME SUJET :

Ramadan en Algérie : face à la hausse des prix, la solidarité s’organise

Les plus lus