Économie

Solaire : quand Elon Musk parle du potentiel de l’Algérie

Elon Musk a récemment évoqué dans un tweet le potentiel de l’Algérie en énergie solaire. Bien que laconique, le tweet du milliardaire a été largement repris et commenté.

Certains y ont même vu un pas vers la concrétisation des grands projets annoncés par le gouvernement algérien, le propriétaire de Tesla ayant largement les moyens de les financer, même en partie.

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Nous avons sollicité l’avis de l’expert algérien en transition énergétique, Tewfik Hasni. Celui-ci souligne qu’il ne faut pas réduire le potentiel algérien au photovoltaïque.

« Elon Musk a simplement dit que si vous continuez à penser que votre potentiel solaire se réduit au photovoltaïque, alors l’Europe au nom de la sécurité énergétique qui vient d’être révélée par la guerre en Ukraine penserait plutôt à développer de tels projets en Espagne », explique M. Hasni, contacté par TSA.

L’expert ajoute que le milliardaire d’origine sud-africaine « a voulu aussi rappeler que sa première idée avait été de promouvoir une production électrique intégrée dans chaque maison avec un stockage dans des batteries ».

« Cependant, il n’a pas avoué qu’il n’était pas arrivé à développer des batteries suffisantes à un coût suffisant pour achever son idée.  Elon Musk est aussi le meilleur allié du lobby pétrolier. Pourquoi irait-il à ouvrir les yeux des Algériens sur un potentiel solaire thermique bien connu de l’USDOE (département à l’énergie américain ) ? », s’interroge M. Hasni.

Le lobby pétrolier mondial, « qui voit ses intérêts menacés »,  constitue justement « la contrainte majeure au développement du potentiel d’énergies renouvelables », estime le spécialiste.

L’atout de l’Algérie

Pour  l’Algérie, l’atout majeur c’est un mix solaire thermique  à 80 % et photovoltaïque à 20 %, « de loin le plus important et le plus compétitif », d’autant plus que le solaire thermique peut disposer de tous les intrants localement.

L’ancien président américain Georges Bush junior avait pensé à faire déclarer le solaire thermique du Sahara comme patrimoine mondial, rappelle notre interlocuteur.

La centrale solaire hybride de Hassi R’Mel est un exemple à suivre, selon Tewfik Hasni, et « des projets de plus grande capacité seront nécessaires dans la mesure où l’intégration industrielle est un prérequis ».

« Il est bien entendu qu’il faille rectifier l’erreur de réduire le programme au photovoltaïque seulement qui n’offre aucune possibilité d’intégration industrielle, qui ne peut garantir une sécurité énergétique par son intermittence et surtout sa faiblesse de rendement énergétique qui chute gravement pour des températures dépassant 35°C. Il faut savoir qu’à Adrar la température sur le panneau photovoltaïque atteint 100°C », explique-t-il.

L’objectif étant d’obtenir de l’électricité à bas coût, il faut, estime-t-il, laisser à l’investisseur, qui supporte tous les coûts, le soin de choisir le site d’implantation du projet et la filière technologique.

L’idée d’alimenter toute l’Europe en électricité à partir de l’Algérie est pour M. Hasni « une réalité qui a été démontrée par l’étude de la fondation Friedrich Ebert dénommée Algeria 100 % renewables ».

« Elle est présentée dans ses détails techniques, financiers et planning dans le temps. Le coût de l’électricité produite ne dépasse pas les 7 cts$/kWh. L’intégration industrielle y est inscrite », indique-il.

Malgré la faisabilité de tels projets d’envergure, la part du renouvelable dans le mix énergétique algérien demeure rachitique, à seulement 1 %, ce qui fait que « nous risquons d’échouer dans l’atteinte des objectifs que nous nous sommes fixés lors de la COP 21 », souligne Tewfik Hasni.

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