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Tournesol : trois conditions de la réussite du programme en Algérie

Tournesol : trois conditions de la réussite du programme en Algérie

Avec 150 hectares cultivés cette année, la wilaya d’Oran se lance dans la production de tournesol. La récolte a été associée à une journée d’étude à laquelle des représentants de plusieurs wilayas ont été conviés.

L’Algérie a pour objectif de semer 45.000 hectares au nord du pays et de développer la culture au sud où il est prévu d’étendre les superficies irriguées à un million d‘hectares.

L’introduction de la culture de tournesol a été menée au niveau de la ferme pilote Si Miloud à Oued Tlelat dans le sud de la wilaya d’Oran. Il s’agit de parcelles irriguées qui ont un rendement de 35 quintaux par hectare.

La journée technique a été organisée en partenariat entre la Chambre d’agriculture d’Oran et la société Phyto Biochem d’Alger. Une société spécialisée dans l’importation de semences de tournesol et de produits phytosanitaires.

La société Phyto Biochem s’engage également à assurer un accompagnement technique. De plus, son  directeur, Ahmed Mardoukh Yacine a confié à la chaîne El Filaha que l’entreprise s’engageait à « récupérer les graines de tournesol auprès des agriculteurs et à les envoyer ensuite à l’opérateur économique, qui réalise à son tour le processus d’extraction des huiles. »

Dans ce cadre, Phyto Biochem a présenté son savoir-faire en matière de tri et nettoyage des graines récoltées. Un lot de graines a également été trituré et les participants, dont des investisseurs de Ménéa et de Timimoun ont pu voir les premiers litres d’huile de tournesol produits à Oran.

Traditionnellement, dans le cas des céréales, la collecte ne passe pas par un opérateur privé mais par les Coopératives de Céréales et de Légumes Secs (CCLS).

Aussi s’agit-il d’une première en la matière. L’opération s’apparente à une contractualisation entre l’agriculteur et un collecteur privé. Bien que ce type de contrat soit courant dans les filières lait et tomate de conserve, cela n’avait jamais été le cas jusqu’à présent dans le domaine des grandes cultures en Algérie.

Cette année, la culture du tournesol a également été testée au niveau de plusieurs wilayas, notamment dans le sud de Tiaret en condition irriguée et à Annaba sans irrigation.

Tournesol : l’Algérie veut planter 45.000 hectares

Dans ce cas-ci, le rendement a été supérieur à 25 quintaux par hectare. A Tiaret, l’agriculteur Dahlab Ahmed qui a testé la culture sur 4 hectares a eu l’occasion d’exprimer ses doutes quant à la rentabilité de l’opération : « Ici au sud de la wilaya, avec les températures élevées de cette année, on a pratiquement dû arroser durant tout le cycle soit durant 90 jours ».

Aussi, suggère-t-il préférable l’emploi d’une irrigation par rampe pivot vu le coût du mode d’irrigation par aspersion qui est actuellement le sien et dont il estime le coût à « 250.000 DA à l’hectare ».

Contrairement au colza qui est semé à l’automne et qui ne nécessite pas d’irrigation, le tournesol est semé plus tardivement et nécessite donc une irrigation d’appoint lorsque la pluviométrie est inférieure à 450 mm ou lorsqu’il est semé au sud.

Les rendements du tournesol sont inférieurs à ceux du blé. Aussi, afin d’intéresser les agriculteurs, le prix du tournesol à la livraison a été fixé à 8.500 DA/quintal (contre 6.000 DA pour le blé dur) auquel il faut ajouter un soutien de l’Etat de 3.000 DA par quintal. Quant au collecteur, il devrait recevoir 200 DA par quintal. Le triturateur recevant pour sa part 500 DA par quintal.

La transformation du blé bénéficie d’un large réseau de minoteries ce qui réduit les coûts de transport entre lieu de production et lieu de transformation. Mais dans le cas du tournesol, à ce jour, les usines de trituration sont toutes situées sur le littoral ce qui renchérit les coûts logistiques. Aussi, nombre d’agriculteurs éloignés de ces usines craignent que leur récolte ne soit pas enlevée en cas d’absence de collecteur local.

L’investisseur Chibani Rachid de Timimoun s’est pour sa part déclaré serein au vu de l’engagement de Phyto Biochem d’assurer un appui technique « depuis le semis jusqu’à la récolte » et d’assurer la collecte de la production.

Le président de la Chambre d’agriculture d’Oran, Rezouga Saïd a tenu à rappeler l’engagement des transformateurs locaux dont le groupe Cevital qui s’engage à utiliser la production locale pour produire une huile de table 100% algérienne. L’objectif du programme tournesol est de réduire la dépendance de l’Algérie vis-à-vis de l’étranger en matière de graines oléagineuses.

Appui technique, marge brute rémunératrice et sécurité des débouchés sont donc les conditions de la réussite du programme tournesol en Algérie. Elles semblent réunies.

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