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Trafic de psychotropes en Algérie : d’où proviennent-ils ?

Trafic de psychotropes en Algérie : d’où proviennent-ils ?

D’importantes quantités de psychotropes sont saisies régulièrement chaque semaine en Algérie, alors que la consommation de drogues, notamment chez les jeunes, a pris des proportions inquiétantes ces dernières années.

Du 14 au 20 septembre, 57 narcotrafiquants ont été arrêtés alors que les services de sécurité ont déjoué des tentatives d’introduction de plus de sept quintaux de kif traité, a indiqué lundi un communiqué du ministère de la Défense nationale (MDN). Durant la même période, 236.998 comprimés psychotropes ont été saisis, selon la même source.

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Pour le Pr Mostefa Khiati, président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche, (Forem), « il est clair que ce fléau (de la drogue et des stupéfiants) est en progression alarmante dans le pays. »

Les origines de ce fléau

Pour expliquer la progression de ce fléau en Algérie, le Pr Khiati avance deux arguments : une certaine transgression des règles d’éthique et de déontologie de la part de « quelques » pharmaciens, et l’entrée de ces produits sur le territoire national via les « cabas« .

« Mais s’il y a de plus en plus de contrôles et une certaine prise de conscience de la part des pharmaciens, certains continuent à violer la législation »,  déplore le Pr Khiati dans une déclaration à TSA.

« Ce phénomène prend aussi de plus en plus d’ampleur en raison des nombreux passages via les cabas, notamment par les frontières terrestres », a-t-il ajouté.

Selon lui, les principales voies d’entrée des psychotropes en Algérie sont « le sud du pays et dans une moindre mesure la frontière tunisienne. »

« Nous avons plus de 3500 km linéaires de frontières terrestres. C’est très difficile de tout contrôler. Tous les passages ne sont pas contrôlés. C’est comme pour l’immigration clandestine, malgré tous les contrôles, il y a toujours des passages de façon illégale », a-t-il regretté.

Comment lutter contre ce fléau ?

Le président de la Forem tient à souligner que « lorsque l’on parle de psychotropes, il ne faut pas juste évoquer les médicaments, il y a également des produits chimiques, et même des préparations artisanales, qui ont le même effet que les psychotropes. »

« Les nouvelles préparations de Haschich qui viennent principalement de la frontière ouest sont extrêmement concentrées en THC (molécule active du cannabis). Normalement, la concentration est de 1 à 2 %, mais ils concentrent ça dans leurs fabriques et arrivent à avoir des concentrations qui atteignent les 50%. A ce niveau de concentration, ce produit devient un puissant psychotrope », développe-t-il.

Pour lutter contre ce fléau, il est primordial, selon le Pr Khiati, de mener une action multiple.

« Il faut impérativement augmenter le degré de mobilisation des forces de l’ordre pour essayer de lutter contre toute forme de trafic et de violation de la loi, mais aussi de sensibiliser et prévenir les jeunes sur les dégâts que provoquent ces produits, que ce soit sur le cerveau ou sur le corps. Plus l’information et la sensibilisation sont étendues, plus les résultats peuvent être intéressants », soutient-il.

Les effets des psychotropes

Les psychotropes sont loin d’être des substances anodines. Leur consommation, hors prescription médicale, ou sans respect des consignes de prescription, peut avoir de graves effets sur la santé.

« Les psychotropes se substituent aux intermédiaires chimiques qui existent dans le cerveau et bloquent certaines synapses (régions de contact entre deux neurones ou entre un neurone et une autre cellule) ou augmentent l’activité d’autres. Ils perturbent l’activité du cerveau et arrivent même à détruire certaines liaisons synaptiques au niveau du cerveau », met en garde le Pr Khiati.

« Même si le consommateur garde les grands aspects de mobilité, son raisonnement est perturbé. Il est dans l’incapacité de prendre des décisions et peut développer une addiction à ces substances. Les dégâts peuvent être extrêmement importants et irréversibles », ajoute le président de la Fondation nationale pour la promotion de la santé et le développement de la recherche.

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