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Aéroport d’Alger : l’étau se resserre sur les trabendistes

Aéroport d’Alger : l’étau se resserre sur les trabendistes

À l’aéroport d’Alger, l’étau se resserre visiblement sur le commerce du cabas ou le trabendo. Cette activité, qui consiste à faire passer des marchandises destinées à la vente comme étant des produits à usage personnel, a inondé le marché algérien de produits étrangers faisant en principe l’objet de restrictions à l’importation.

Elle cause surtout un énorme préjudice financier au Trésor public et suscite des inquiétudes sur la qualité des produits importés frauduleusement.

Une vidéo mise en ligne sur les réseaux sociaux montre ce qui semble être une opération coup de poing effectuée par les services des Douanes à l’aéroport d’Alger.

On y voit des dizaines de jeunes attendre devant des guichets. Selon l’auteur de la vidéo, les douaniers venaient de saisir une importante quantité de téléphones portables que ces jeunes tentaient d’introduire sur le territoire national.

Aéroport d’Alger : les temps sont difficiles pour les trabendistes

Les douaniers auraient agi sur renseignements. L’aéroport d’Alger et les douanes n’ont pas communiqué sur ces opérations qui suscitent des inquiétudes parmi les commerçants du cabas.

 

 

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Pour lutter contre le commerce du cabas, les douaniers de l’aéroport d’Alger surveillent particulièrement certains vols, notamment ceux en provenance de Turquie ou de Dubaï, réputés pour être les destinations phares des trabendistes algériens.

En plus du contrôle par scanner des bagages transportés en soute, les voyageurs se sont contrôlés systématiquement après l’achèvement des formalités de la police. Leurs bagages à main subissent un contrôle systématique par scanner.

Enfin, avant de sortir de l’aéroport d’Alger, des douaniers postés à la portée de sortie, effectuent un ultime contrôle des bagages, mais qui n’est pas systématique.

La technique du cabas est largement utilisée dans l’importation informelle. Il s’agit simplement de transporter, pour le compte de réseaux de trafiquants et moyennant rétribution, des produits dans la limite de la quantité autorisée par la réglementation.

Tout récemment, un internaute a livré quelques tuyaux utilisés entre l’Algérie et la Turquie, l’un des principaux pays de provenance des produits du « cabas » qui entrent en Algérie.

Des réseaux spécialisés achètent aux voyageurs ordinaires le différentiel entre ce qu’ils transportent et la limite fixée par la réglementation. La limite dans ce cas est de 46 kilogrammes par voyageur. Par exemple, si on voyage avec des bagages de 10 kilogrammes, on peut transporter 36 kilos pour le compte d’un importateur informel au « tarif » de 1000 dinars par kilogramme.

La technique est aussi utilisée pour le transfert illégal de devises. Les 7500 euros autorisés peuvent être transportés pour le compte d’un réseau moyennant 500 à 600 dinars le billet de 100 euros.

Le « cabas », face émergée de l’immense iceberg de l’informel en Algérie

L’auteur de ces « tuyaux » a calculé un gain potentiel de près de 100 000 dinars pour un voyageur qui « loue » ce que la loi l’autorise à transporter en marchandises et en devises. Ce qui équivaut à passer un séjour gratuit en Turquie.

 

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Le gouvernement semble décidé à mener la guerre à cette pratique et toutes les autres qui favorisent la prolifération de l’informel en mettant à profit les failles de la réglementation.

La loi de lutte contre le faux et usage de faux, promulguée en février dernier, vise également, selon les spécialistes, à contrecarrer le phénomène de location des registres de commerce.

Cette technique est utilisée par les barons de l’informel qui activent avec des prête-noms pour échapper au fisc, dissimuler leurs chiffres d’affaires et ne pas s’acquitter des impôts et taxes liés à leurs activités.

Il faut dire que l’activité du « cabas » n’est que la face apparente de l’immense iceberg du commerce informel en Algérie. En septembre 2021, le président de la République Abdelmadjid Tebboune avait estimé le volume des fonds circulant dans la sphère informelle dans le pays à 10 000 milliards de dinars, soit 90 milliards de dollars.

Toutes les mesures prises par les pouvoirs publics n’ont pas réussi à juguler le phénomène qui gangrène l’économie nationale en faussant la concurrence entre les opérateurs et en privant le Trésor d’importantes recettes fiscales.

Dans sa note de conjoncture pour les neuf premiers mois de 2023 qui a été publiée le 5 février dernier, la Banque d’Algérie a indiqué que la circulation fiduciaire hors banques a augmenté de 8,6 % par rapport à fin décembre 2022. Cette masse d’argent qui circule en dehors du circuit bancaire a atteint 8.026,19 milliards de dinars à fin septembre 2023 contre 7.392,8 milliards de dinars à fin décembre 2022, selon la Banque d’Algérie.

Interrogé en avril de la même année sur la pertinence de la solution radicale du changement de monnaie, le chef de l’État avait répondu qu’une telle mesure serait « sans résultat » et qu’elle « entraînerait de longues files de citoyens modestes et non d’hommes d’affaires ».

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