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Blé : la France veut redevenir le partenaire préféré de l’Algérie

Blé : la France veut redevenir le partenaire préféré de l’Algérie

Avec une volonté de reconquête du marché algérien, la filière céréales de France a organisé une opération de séduction le 10 octobre dernier à Alger.

C’est au Sofitel d’Alger, que s’est tenue la rencontre en présence d’une task force composée de plusieurs spécialistes français et de l’ambassadeur de France en Algérie. Plus de 150 personnes ont participé aux « Rencontres 2023 franco-algériennes des céréales ».

Cette rencontre organisée par le Conseil professionnel français des grains « Intercéréales » a eu pour but, comme l’a indiqué l’ambassade de France à Alger de : « Présenter et d’échanger des informations techniques ».

Ce type de rencontre n’est pas nouveau. L’édition de novembre 2022 s’est tenue au Sofitel et avait rassemblé plusieurs cadres de l’Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) dont le secrétaire général, Nasreddine Messaoudi et un grand nombre d’opérateurs algériens dont des représentants de minoteries privées.

Céréales : opération de séduction des céréaliers français en Algérie

Participait également à l’événement l’ambassadeur de France en Algérie. Ce qui change en 2023 concerne la tonalité des débats. Comme le relate l’ambassade de France : « Lors de son intervention, l’ambassadeur de France en Algérie a confirmé l’ambition de la France de redevenir le partenaire préféré de l’Algérie ».

À cette fin, les services économiques de l’ambassade et ses partenaires « ont pour objectif de renforcer ce lien particulier en ces deux pays proches que sont la France et l’Algérie dans le secteur des céréales ».

À cette occasion, la partie française n’a pas manqué de rappeler que la « France, 1er producteur et exportateur de céréales en Europe, contribue – grâce a la stabilité de sa production – à l’équilibre des marchés mondiaux et à la sécurité alimentaire des pays importateurs ».

Cependant, comme le note l’organisme public FranceAgriMer, la filière française est marquée par « la lourde concurrence russe et des pays de l’Europe de l’Est qui continuent aussi de limiter les opportunités de ventes françaises à l’international depuis le début de la campagne ».

Les exportations de blé russe restent prédominantes avec des volumes estimés à 50 millions de tonnes pour 2023/24. Cependant, si les opérateurs russes ont l’habitude de proposer des prix inférieurs au marché à cause de stocks importants, une nouvelle tendance se dessine.

Les autorités russes imposent depuis quelque temps un « prix plancher » de 270 dollars la tonne à leurs exportateurs. Une situation qui donne des couleurs à la filière française avec notamment la conclusion de contrats vers l’Égypte.

Un contexte qui permet également aux exportateurs français de conclure « d’importantes affaires à destination de la Chine et les intérêts des importateurs algériens et marocains prennent de plus en plus d’ampleur » selon un expert des marchés agricoles sur le média Terre-net.

Malgré cette embellie, la filière céréales française reste handicapée par la baisse des subventions liées à la politique agricole communautaire (PAC) et à la hausse du coût des engrais azotés. Quant à la qualité de la récolte, comme à Annaba et El Tarf, les céréaliers français ont eu à souffrir de pluies tardives qui ont provoqué des germinations sur pied et déclassé des lots de blé panifiable en blé fourrager.

Des rencontres au contenu varié

Le but des rencontres d’Intercéréales est de présenter les résultats annuels en matière de blé et d’échanger avec ses clients internationaux. Ainsi, en 2022 ce sont 9 rencontres qui se sont tenues successivement à Bruxelles, Casablanca, Le Caire, Madrid, Rome, Pays-Bas, Tunis, Porto et Alger.

En 2022, la partie française a présenté la qualité de la récolte française de céréales, les perspectives des marchés céréaliers mondiaux, la protection intégrée des grains stockés et le système des coopératives céréalières en France avec leur mode d’accompagnement des agriculteurs.

L’exemple choisi portait sur la coopérative Cérésia. Après ces interventions, un débat a porté sur « les différences de rendement entre les sols superficiels et les sols profonds, le choix du semis direct ou du labour, l’évolution du marché du fret maritime, les méthodes et procédures de détection des grains infectées et le choix entre les types de traitement pour la conservation du grain » comme le rapporte Intercéréales. Les moyens mis en œuvre par Cérésia dans l’accompagnement des agriculteurs ont également suscité un vif intérêt.

Cette grande coopérative du nord de la France accorde une grande importance à la formation des agriculteurs élus. C’est le cas pour la centaine d’agriculteurs conseillers de région dont certains participent à un « Cycle Décideur » en vue d’acquérir des compétences leur permettant d’assumer une fonction d’élu au sein du conseil d’administration.

La rencontre de cette année a été l’occasion de présentations qui ont porté sur les traditionnels thèmes de la qualité de la récolte française 2023 ainsi que sur les tendances et perspectives des marchés mondiaux.

Une autre partie a fait le point sur les techniques simplifiées de travail du sol et l’organisation de la filière semences en France. Des sujets qui ont fait l’objet de plusieurs questions de l’assistance.

Quelle coopération algéro-française ?

Si le niveau technique des producteurs algériens progresse, il reste éloigné du potentiel existant. L’emploi d’herbicides ne concernerait que 20 à 25 % des superficies emblavées en Algérie.

Récemment, Heouaine Mohamed Tahar, le directeur général d’Asmidal, s’étonnait que dans une wilaya céréalière aussi réputée que Mila, seuls 30 % des céréaliers utilisent des engrais azotés.

Il ajoutait que les agriculteurs algériens bénéficiaient pourtant « de prix parmi les plus bas au monde » pour les engrais azotés.

Plus que les autres engrais, la nature des engrais azotés fait que leur utilisation optimale nécessite des analyses de sol annuelles.

Quant aux dates optimales de semis, elles sont très souvent dépassées, ce qui réduit la résistance des plantes à la sécheresse. Quant aux coopératives céréalières, elles sont quasi inexistantes en Algérie.

Les Coopératives de Céréales et des Légumes Secs (CCLS) sont des dépôts régionaux de l’OAIC dont le directeur est nommé par la tutelle. Les agriculteurs ne possèdent pas de parts sociales et de droits de vote.

Que ce soit sur la gouvernance des coopératives, le type d’analyses de sol pour l’azote ou les éternels retards de semis, la filière française possède une solide expérience.

Cela explique que lors de la rencontre de 2022 la partie française a pu présenter un mode d’accompagnement des agriculteurs avec l’exemple de la coopérative Cérésia ou qu’en 2023 le thème des techniques simplifiées de travail du sol a pu être abordé.

Dans le domaine des revues agricoles, quasi inexistant en Algérie, la partie française possède différents groupes de presse spécialisés qui constituent un outil extraordinaire de formation des techniciens et agriculteurs. Des revues techniques qui seraient appréciées par les producteurs locaux de blé ou les éleveurs de volailles.

Dans le monde des affaires, pour garder un client, la tendance est aujourd’hui d’accompagner la vente d’un produit par l’offre d’un service.

Malgré sa faible compétitivité face aux blés de la mer Noire, la filière française possède un atout : sa capacité à offrir des services sous la forme d’un transfert de savoir-faire. Saura-t-elle la saisir afin de redevenir un « partenaire privilégié » ?

Gros importateur de céréales, l’Algérie devrait importer plus de blé cette année en raison de la sécheresse qui a affecté durement ses récoltes.

Selon le premier ministre Aïmene Benabderrahmane, la sécheresse a touché cette année 90.000 agriculteurs dans 34 wilayas, avec une superficie sinistrée de 1,2 million d’hectares et un déficit hydrique de 90 % dans la plupart des wilayas du nord du pays.

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