search-form-close
Canicule, incendies, accidents : les Algériens passent un été difficile

Canicule, incendies, accidents : les Algériens passent un été difficile

Le premier été « normal » des Algériens après deux ans de restrictions à cause du Covid-19 ne se passe pas dans de meilleures conditions.

Après les restrictions dues à la crise sanitaire du Covid-19, viennent s’installer les fléaux de la société qui gâchent les vacances durant cet été 2022.

Cette année, des termes comme « couvre-feu, fermeture des plages, fermeture des frontières, interdiction de rassemblements, etc. » ont été remplacés par d’autres qui entravent tout autant les vacances des Algériens. 

L’été de toutes les déceptions 

Alors que les Algériens espéraient enfin passer un été normal, c’est la douche froide. À peine débarrassés des barrières liées à la crise sanitaire, les voilà confrontés à d’autres obstacles qui viennent troubler leurs plans.

Les plages ayant rouvert, les parkingueurs et loueurs de parasols reprennent leurs activités. Aux premières températures estivales, ils refont leur apparition et monopolisent une partie des plages algériennes. 

À 200 dinars la place de parking et 1500 dinars la table et le parasol, les citoyens se retrouvent vite dépouillés par la « mafia de la plage » qui, malgré les efforts des autorités, continue d’exercer en parfaite illégalité…

Les parkingueurs et autres loueurs clandestins de parasols ne sont pas les seuls à ternir le paysage. Autre point décevant : l’état pitoyable des plages et sites touristiques en Algérie. 

Entre les ordures jetées dans la mer ou laissées sur la plage et les sites historiques et touristiques mal entretenus, voire mutilés, le tourisme en Algérie bat de l’aile. 

Si les citoyens espèrent avoir un minimum de confort, il leur faudra débourser ce qui représente parfois un salaire annuel pour y accéder. Pour des services basiques, voire médiocres, les clients doivent payer des sommes faramineuses.

C’est d’ailleurs ce qui obligeait les Algériens à opter pour des destinations voisines, notamment la Tunisie, un pays touristique à petit budget par excellence. 

Seulement voilà, l’inflation mondiale et la réouverture toute récente des frontières terrestres avec ce pays, autrefois connu pour ses prix abordables, ont fait que même cette option n’en est plus une.

Quand la nature y met du sien 

Ce n’est un secret pour personne que les effets du réchauffement climatique se font de plus en plus ressentir. L’hiver 2022 annonçait déjà la couleur : l’été allait être brûlant. 

Sans surprises, des températures rarement vues sur le thermomètre de certaines régions du pays ont été enregistrées cette année. Allant jusqu’à 50°C, la canicule s’est bien installée bien avant le début de l’été. 

Des chaleurs insupportables qui rendent le quotidien des Algériens difficile. Il est en effet compliqué pour les citoyens de profiter de leurs congés pour sortir lorsqu’il fait 40 degrés à l’ombre et que l’humidité ne descend pas au-dessous des 80 %. 

Les fortes chaleurs que connaît le pays d’année en année en font un lieu propice aux incendies. Les feux, qui ont ravagé le nord-est de l’Algérie l’été 2021, faisant de nombreux morts notamment en Kabylie, sont toujours une menace en 2022.

Certes moins ravageurs que les feux d’août 2021, de nombreux foyers d’incendie ont été signalés à travers le territoire national. 

Un important incendie s’est déclenché dans la région de Sétif à la fin du mois de mai, provoquant la mort de deux militaires et faisant plus de 23 blessés. À Skikda, ce sont deux personnes qui ont été mortellement asphyxiées, après avoir été encerclées par les flammes d’un incendie le 14 juin dernier.

À Bejaia, un important foyer d’incendie a été maîtrisé sur les hauteurs, grâce à un avion russe de type Beriev B-200 affrété par l’Algérie en juin. 

Dans ce sillage, le président Tebboune avait exprimé le besoin urgent de l’Algérie d’acquérir ou de louer des bombardiers d’eau et de redoubler de vigilance et de moyens humains afin de lutter contre ce phénomène.

Agressions, accidents, noyades…

Pour se déplacer, la voiture est pratiquement le seul moyen efficace, en raison de la mauvaise qualité des transports en communs : bus et trains.

Mais les routes sont devenues trop dangereuses, avec chaque jour des accidents violents et meurtriers. Les autobus et les camions sont impliqués dans une bonne partie des accidents de la route survenus cet été.

Dimanche, sept personnes ont trouvé la mort et six autres blessées dans un carambolage à Oran. La veille, dans la même ville, 20 passagers d’un bus de transport urbain ont été blessés dans un accident survenu devant le siège de la wilaya. Leur bus a dérapé et a fini sa course contre un palmier.

Lundi, un autre drame routier s’est produit sur la RN 49, reliant Ouargla à Ghardaïa. Bilan : trois morts et six blessés.

Pour ne rien arranger, tous les jours, ce sont des milliers de témoignages et de coups de gueule qui sont poussés à l’encontre d’agresseurs. Les objets des plaintes vont du simple vol à l’agression avec coups et blessures.

À la plage, ce sont notamment les femmes qui sont victimes d’harcèlement verbal et d’attouchements. Les familles ne sont pas épargnées puisque cette catégorie de la société manque cruellement de civisme.

Musique indécente, langage vulgaire et acrobaties sur le sable ou dans l’eau, ces individus font tout pour attirer l’attention. Ces comportements font du séjour des estivants une épreuve plus compliquée qu’elle ne l’est déjà. 

D’autre part, le nombre de décès par noyade est particulièrement élevé cette année. 

Avec des bilans parfois plus lourds que ceux des accidents de la route, les plages algériennes sont particulièrement meurtrières cet été.

En juillet, les unités de la Protection civile sont intervenues pour repêcher les corps sans vie de 14 personnes mortes noyées dans différentes régions du pays, dont neuf corps ont été repêchés dans les plages. 

Dernier incident en date : une famille a été victime de la chute d’un rocher sur une des plages d’Oran ce dimanche 7 août. Le père et son fils ont trouvé la mort, tandis que la mère de famille a été grièvement blessée. 

La plage, récemment rouverte à la baignade et qui a été refermée au public, aurait dû faire l’objet d’études géologiques sur la stabilité des falaises bordant les plages.

Nos plages sont-elles dangereuses ? Y a-t-il des solutions pour sauver l’été des Algériens ? Pouvons-nous espérer éduquer une grande tranche de la société ? 

Tant de questions qui restent sans réponses. Mais, une chose est sûre, c’est un nuage bien noir qui ternit le ciel de cet été 2022 en Algérie, et pas d’embellie en vue…

  • Les derniers articles

close