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Grève des résidents : sept mois de bras de fer, aucune issue ne se dessine

Grève des résidents : sept mois de bras de fer, aucune issue ne se dessine

Les résidents en sciences médicales n’ont pas repris les gardes ce dimanche 3 juin. Leur proposition de sortie de crise conditionnait une reprise des gardes par la tenue de négociations fructueuses avant ce début de semaine. Mais ministère de la Santé semble avoir ignoré la proposition des résidents présentée par ces derniers comme un signe de « bonne volonté ».

Les appels du pied des résidents

Le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), qui rassemble les résidents grévistes, n’a pas reçu d’invitation à négocier et aucun contact n’a eu lieu entre les deux parties depuis la fin avril, lorsque le collectif avait décliné une invitation informelle à négocier.

Cette initiative prise par les résidents après plusieurs semaines d’arrêt total de l’activité de garde laissait entrevoir un espoir de « dénouement total de la situation », comme l’ont affirmé les résidents dans leur communiqué du 27 mai.

Dans l’espoir de la reprise des négociations, plusieurs assemblées générales et des réunions ont été organisées par les résidents et leurs délégués, notamment à Alger. Un « SMIC de revendications » a été dégagé par les grévistes lors de ces concertations.

Ce seuil minimal d’acquis à arracher avant toute reprise du travail et en-deçà duquel les représentants des résidents n’auraient pas le droit de descendre lors des négociations et gardé secret par les médecins grévistes, pour ne pas diminuer la marge de manœuvre de leurs délégués lors des négociations mais il semblerait que ceux-ci soient autorisés à faire plusieurs concessions, y compris sur des revendications centrales.

Même si ses détails sont gardés secret, l’existence de ce « SMIC » est un autre signal envoyé par les résidents à leur tutelle comme preuve de leur volonté à négocier de façon constructive pour arriver à une issue satisfaisante pour les deux parties. Les résidents multiplient ainsi les appels du pied à leur tutelle qui n’y prête pas grande attention.

La tutelle temporise

Lors de chacune de ses sorties, le ministre de la Santé, Mokhtar Hasbellaoui a réaffirmé que « les portes du dialogue restent ouvertes », sans toutefois donner suite à ses paroles. La dernière prise de contact entre les résidents et leur tutelle remonte à la fin avril et depuis, plus rien.

Même au courant de cette semaine alors que le délai accordé par les résidents à leur tutelle pour reprendre les négociations courrait encore, le ministre de la Santé n’a fait aucun geste, aucun pas vers les résidents et ce, malgré la rencontre interministérielle qui a réuni le mercredi 30 mai, le Premier ministre avec les ministres de la Santé, de l’Enseignement supérieur et celui du Travail.

La réunion avait pour objet la grève des résidents et pour but de trouver une solution définitive au conflit, ce qui a laissé les résidents espérer une invitation à une réunion décisive pour le lendemain. L’invitation n’a jamais été reçue par les résidents et la teneur exacte des discussions qu’ont eues les ministres ou des décisions qui ont été prises ou envisagées reste inconnue du public.

Le ministre de la Santé, en ignorant les signaux qui lui sont envoyés par les résidents qui peuvent laisser croire en une volonté de leur part de négocier une sortie de crise satisfaisante pour les deux parties, semble ne pas vouloir concéder aux résidents plus qu’il n’en a fait jusqu’à présent et temporise dans l’espoir que le mouvement s’essouffle et se disloque progressivement sous l’effet du temps et des difficultés auxquelles sont confrontés les résidents grévistes, et elles sont nombreuses.

Pressions et intimidations

Privés de salaires depuis plusieurs mois pour nombre d’entre eux, subissant des pressions et des tentatives d’intimidation de le part de leurs chefs de services et directeurs d’établissements, fatigués par l’inaction et l’éloignement de l’exercice de leur métier, des résidents, en un nombre difficile à déterminer, ont repris le travail de l’aveu même du Camra qui continue toutefois à affirmer que son mouvement ne s’essouffle pas et que la mobilisation reste entière.

Le nombre de résidents encore grévistes est relativement stable d’après le Camra et selon des résidents approchés par TSA, les dissensions vécues ces derniers jours par le mouvement à cause de l’éventualité de la reprise des gardes sont dépassées. La grève se « porte bien » pour le Camra mais pour combien de temps encore ? C’est sans doute là le calcul que fait le ministre de la Santé « coupé du monde » et silencieux à propos de la grève des résidents depuis plusieurs semaines.

Les résidents ne voulant rien lâcher et leur tutelle ignorant les signaux positifs envoyés par ceux-ci, la grève des résidents qui touche à son septième mois se poursuivra vraisemblablement pour une durée indéterminée dans un face-à-face figé où les deux parties ont déjà abattu toutes leurs cartes.

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