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Israël en Afrique : le rôle crucial des « instructeurs militaires »

Israël en Afrique : le rôle crucial des « instructeurs militaires »

La coopération sécuritaire est l’un des segments sur lesquels repose la stratégie d’Israël pour mieux s’implanter sur le continent africain. Outre la fourniture d’armements et d’équipements technologiques, les Israéliens procèdent aussi à la formation et à l’instruction des armées locales, particulièrement les unités de forces spéciales et celles chargées de protéger les dirigeants de certains pays.

Au dernier sommet de l’Union africaine, les 17 et 18 février derniers à Addis-Abeba, Israël a été fustigé pour son agression contre la bande de Gaza. Au sommet de 2023, son statut de membre observateur a été suspendu.

L’Afrique est majoritairement opposée à la politique israélienne en Palestine, même si le pays compte encore quelques soutiens dans le continent, comme on peut le constater depuis le début de la guerre à Gaza le 7 octobre dernier. Globalement, les États africains qui demeurent alignés sur Israël sont ceux qui entretiennent avec lui une coopération militaire et sécuritaire étroite.

Ce sont ces mêmes pays qui ont tenté de soutenir l’admission d’Israël comme membre observateur à l’UA en juillet 2021. La décision, prise unilatéralement par le président de la Commission africaine Moussa Faki, avait buté sur le refus de la majorité des États membres, en tête desquels l’Algérie et l’Afrique de Sud.

L’objectif premier derrière la volonté d’Israël de s’installer en Afrique, comme l’a reconnu en 2017 l’actuel Premier ministre, Benyamin Netanyahou, est de changer la structure des votes à l’ONU et les autres organisations internationales, globalement défavorable à l’État hébreu.

Actuellement, Israël a des relations militaires et sécuritaires avec de nombreux pays d’Afrique, dont le Maroc, l’Éthiopie, le Rwanda, le Kenya, la Tanzanie, le Malawi, la Zambie, l’Afrique du Sud, l’Angola, le Nigeria, le Cameroun, le Togo, la Côte d’Ivoire, le Ghana, l’Ouganda, l’Érythrée, le Soudan du Sud et d’autres.

Infiltration de l’Afrique : Israël compte sur ses instructeurs militaires

Dans certains de ces pays, les instructeurs israéliens forment les armées locales, dont des unités d’élite. C’est le cas notamment du Cameroun où l’unité qui protège le président Paul Biya a été mise sur pied et formée par les Israéliens suite à une tentative de coup d’État au milieu des années 1980. Les instructeurs israéliens sont aussi présents en Éthiopie, au Congo démocratique, en Tanzanie, en Érythrée…

La stratégie d’envoyer sur place des instructeurs militaires, qu’ils soient membres actifs ou retraités de l’armée ou employés de sociétés de sécurité privées, a le double avantage d’assurer une présence militaire effective et efficace tout en le faisant dans la discrétion, contrairement par exemple aux Russes de Wagner (devenu Africa Corps), qui participent directement aux combats, ce qui les exposent à la médiatisation et à la contestation.

Les Israéliens ne se contentent pas de dispenser des formations techniques militaires aux officiers locaux. Ils tentent aussi de leur inculquer des concepts politiques favorisant le rapprochement de leurs pays respectifs avec Israël.

Cité dans un article d’Al Jazeera consacré à ce sujet, le politologue camerounais Paul Pougala explique que les formateurs israéliens insistent souvent auprès de leurs stagiaires sur la similitude entre la souffrance des Africains de l’esclavage et du colonialisme et celle des Juifs pendant la Shoah.

Ils mettent aussi en avant « le terrorisme et l’extrémisme » qu’ils présentent comme une menace commune pour les Africains et les Israéliens. Israël forme ainsi et met en place des réseaux d’alliés qui pourraient être amenés à influencer la politique de leurs pays d’une manière ou d’une autre.

Dans son article, Al Jazeera évoque un autre avantage pour Israël de former des unités d’élite africaines. Certaines de ces unités sont régulièrement appelées à participer activement aux missions de maintien de la paix, notamment aux frontières israéliennes avec la Syrie et le Liban et ne sont pas perçues comme source de danger puisqu’elles sont sous commandement israélien ou formées par des officiers israéliens.

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