search-form-close
Le haïk au cœur d’une polémique entre Algériens et Marocains

Le haïk au cœur d’une polémique entre Algériens et Marocains

Revendiquer la paternité d’une spécialité culinaire, d’un art, d’une tradition ou coutume est devenu un réflexe entre Marocains et Algériens.

Chacun veut attirer la couverture à soi et c’est à celui qui aura le meilleur patrimoine et la plus grande richesse culturelle… Même les politiques s’en mêlent. Les querelles sont souvent futiles mais prennent des proportions énormes.

On se souvient de la musique populaire du Raï dont chaque pays s’est disputé l’invention, ou encore le savoir-faire du couscous.

Plus récemment l’objet de tensions a été le zellige, cette mosaïque traditionnelle en carreaux de faïence dont chacun s’est attribué la création. Aucun domaine n’est épargné.

Une compétition toxique qui oppose les deux camps sur tous les sujets possibles et imaginables et où solidarité et bienveillance n’ont pas voix au chapitre.

Les réseaux sociaux sont souvent le théâtre de ces échanges houleux entre internautes algériens et marocains.

Par commentaires interposés, on s’invective comme des enfants qui se chamaillent. Twitter fait partie des tribunes de choix pour ces Marocains et Algériens souvent virulents dans leurs propos, alors même qu’ils s’adressent à leurs frères vivant dans l’État voisin du leur.

Haïk traditionnel : le vêtement de la discorde

Le 6 mars dernier, c’est justement un post sur Twitter qui a mis le feu aux poudres et déclenché une énième controverse entre Algériens et Marocains. Cette fois-ci, la communauté marocaine est face à l’algérienne pour réécrire l’histoire culturelle et religieuse de leurs pays respectifs.

Le motif de la discorde est l’origine du haïk, une étoffe blanche en tissu de laine fine ou de soie, portée par les femmes et qui les recouvre entièrement.

Apparu au 19e siècle, les Maghrébines d’Algérie, du Maroc et de Tunisie l’arborent traditionnellement même s’il a été délaissé depuis plusieurs années. Les femmes plus âgées continuent encore de le porter dans certaines régions d’Algérie.

 

The Moorish Times, réputé pour ses dérapages haineux à l’égard de l’Algérie, a publié sur son compte Twitter plusieurs post dédiés à l’histoire de ce voile :

« En vue de la Journée Internationale de la Femme, les Marocaines sont sorties hier à Tanger vêtues du traditionnel « Haïk » pour faire revivre les anciennes traditions populaires marocaines ». 

Le compte ajoute ensuite que le haïk était traditionnellement cousu dans la ville marocaine de Fès avant d’être exporté dans d’autres villes d’Afrique du Nord.

Alors que les twittos marocains expriment leur fierté en commentaires, les répliques des Algériens n’ont pas tardé.

La célèbre journaliste algérienne  d’Al Jazeera Khadidja Bengana a réagi à sa façon en mettant un haïk pour expliquer que cet habit traditionnel algérien a été utilisée par les Moudjahidin durant la guerre de libération nationale.

Des internautes anonymes ont répondu parfois avec humour aux Marocains.

« Ça me fait trop penser aux tenues traditionnelles des Algéroises », peut-on lire. Ou encore : «  Y a-t-il possibilité de voir des archives, ou photos anciennes du haïk au Maroc, car il me semble qu’il (haïk) vient d’Algérie à la base. Le peuple marocain n’aurait-il aucun patrimoine ? »

Également des messages ironiques de cet acabit : « Mais oui bien sûr et la grande muraille de Chine c’est aussi vous qui l’avez construite ».

Mercredi, le président Abdelmadjid Tebboune a appelé lors de la cérémonie du 8 mars qu’il a présidée à protéger le patrimoine culturel national et les tenues traditionnelles algériennes de « l’imitation », du « vol » et des « tentatives d’appropriation ».

 

Maroc VS Algérie : l’éternelle compétition

 

Il semble évident que ce qui importe ici n’est pas tant la forme ni le sujet abordé. L’opposition entre les Algériens et les Marocains est tellement profonde et ancrée que tout devient prétexte à l’alimenter encore et toujours.

Dans les deux clans, chacun proclame tout et n’importe quoi comme appartenant à son patrimoine culturel, juste pour le principe. Un seul mot d’ordre : compétition et dévalorisation, point d’unicité.

Provocation, ignorance ou simple mépris de l’autre ? Toujours est-il malheureusement que les relations houleuses entre Marocains et Algériens n’ont pas l’air de vouloir s’apaiser.

  • Les derniers articles

close