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Les Balcons de Ghoufi, un ancien village berbère taillé dans une falaise, en péril

Les Balcons de Ghoufi, un ancien village berbère taillé dans une falaise, en péril

Entre Batna et Biskra, juste après avoir traversé les gorges de Tinaghinime, un site touristique légendaire s’offre aux visiteurs : les Balcons de Ghoufi, l’un des endroits en Algérie à visiter au moins une fois dans sa vie.

Nous sommes en plein cœur des Aurès, dans la commune de Ghassira, à 500 km au sud-est d’Alger. Un patrimoine d’une valeur inestimable qui a défié le temps.

À l’heure où notre environnement est saturé de barres d’immeubles et de grandes tours, la découverte d’habitations troglodytes en ce début du 21e siècle est troublante.

On reste scotchés face à cette carte postale inattendue : un village berbère construit sur une falaise de 200 m de haut, des maisons troglodytes accrochées à des canyons, un oued serpentant sur plusieurs kilomètres, des palmiers plantés dans des gorges profondes, des sentiers suspendus.

Un site saisissant par sa beauté. Un ancien village où, il y a près de quatre siècles, les Berbères ont construit leurs habitations à flanc de falaise. Des maisons traditionnelles édifiées tout au long du canyon creusé par Oued Labiod (Ighzer Amellal). Aujourd’hui ces maisons atypiques sont abandonnées. Les derniers habitants ont mis la ‘clef sous le paillasson’ dans les années 1970.

Des voitures immatriculées de toutes les régions d’Algérie se garent sur le parvis surplombant le site. Les vendeurs de souvenirs affichent un large sourire.

L’artisanat chaoui rayonne de toute sa splendeur. Les clients ne se font pas prier pour délier leur bourse et repartir avec un petit souvenir. Bijoux en argent, poterie, M’lahfat (tenue traditionnelle des Aurès), géodes, ‘draga’ (rideau), ‘ahenbel’ (couverture), ‘ahouli’ (couverture légère) trouvent toujours preneurs.

Algérie : visite guidée des Balcons de Ghoufi,

Des escaliers en pierre ont été édifiés pour faciliter l’accès des visiteurs à ce musée à ciel ouvert, plantée au cœur des Aurès.

Il faut les emprunter pour descendre vers l’oued Labiod, à moitié asséché, à cause de la sécheresse qui frappe l’Algérie depuis des années.

Le parcours, en épingle à cheveux, offre une vue époustouflante sur les Balcons du Ghoufi, un canyon qui s’étend sur près de 4 km. Le belvédère aménagé au-dessus d’Ighzer Amellal offre une vue imprenable sur le site : des vestiges de maisons troglodytes, des sentiers suspendus, des ‘bhiret’ (jardins) ornées d’arbres fruitiers (grenadiers, figuiers, oliviers), des palmiers, une ancienne mosquée et la zaouia du marabout de Ghoufi. Un panorama dominé par des tons ocres et empreint d’un calme apaisant.

Une atmosphère mystérieuse presque irréelle se dégage de ce site touristique atypique, l’un des plus beaux et des plus anciens en Algérie.

Il faut juste imaginer qu’il y a environ quatre siècles, des hommes ont bâti ces maisons en utilisant des matériaux disponibles dans leur propre environnement : pierres, branches de palmiers, argile, troncs d’arbre….

Un type d’habitat ‘éco-responsable’, avec des températures clémentes durant l’hiver et fraîches en été.

Pour visiter les lieux, il faut crapahuter. Le port de chaussures de marche est fortement recommandé. Certains parcours ne sont pas balisés alors il faut escalader de grands blocs de pierre afin d’avoir le privilège de pénétrer dans l’une ou l’autre de ces maisons en ruine et examiner de près chaque petit détail.

Incontournable également, l’ancien hôtel Transatlantique encastré dans la roche. Se cramponnant aux falaises du Ghoufi, il fut construit au début du 20e siècle pour accueillir des touristes et des aventuriers avides de dépaysement.

Lors de notre passage début janvier, nous avons déjeuné dans une maison d’hôte. Azouz (Moustache pour les intimes) est le seul à offrir ce genre de service aux visiteurs et touristes de cet endroit unique en Algérie.

Sa maison, située à un jet de pierre du site séculaire, a été restaurée par ses soins et présente tous les attraits d’une habitation traditionnelle.

« Je reçois de nombreux touristes locaux ainsi que des étrangers des quatre coins du monde », confie-t-il. « Ils peuvent prendre leur repas, dormir sur place et profiter de toutes les commodités », explique Azouz qui travaille avec sa femme et ses enfants.

Sa fille et son épouse sont aux fourneaux. Nous avons apprécié une délicieuse Chakchoukha garnie de viande et de légumes selon la recette de la région, dans une maison traditionnelle décorée de tapis et d’objets d’artisanat chaoui.

Ce site exceptionnel a été classé au patrimoine national de l’Unesco. L’ancien village berbère, aujourd’hui à l’abandon, mériterait d’être réhabilité.

Par ailleurs, ce site n’échappe malheureusement pas à l’incivisme de certains visiteurs qui abandonnent leurs détritus un peu partout. Les Balcons du Ghoufi sont une pépite inestimable qu’il faut préserver à tout prix.

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