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Vague d’arrestations d’opposants et de journalistes en Tunisie

Vague d’arrestations d’opposants et de journalistes en Tunisie

Des milliers de Tunisiens ont manifesté ce samedi 18 février dans plusieurs villes du pays, à l’appel de l’Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT), dans un contexte d’arrestations tous azimuts ciblant des responsables politiques et syndicaux, des journalistes, hommes d’affaires et magistrats.

Les manifestants ont protesté contre la vie chère et la vague d’arrestations qui a ciblé de nombreuses personnalités publiques, dont un cadre de l’UGTT.

La principale manifestation a eu lieu à Sfax, bastion historique du syndicalisme tunisien. D’autres marches ont été signalées à Nabeul, Tozeur et Kairouan.

Anis Kaabi, responsable de l’UGTT, chargé de la branche autoroutes, a été arrêté et incarcéré le 31 janvier. Il est poursuivi pour avoir appelé à une grève des péages d’autoroutes, une action qui, selon les autorités tunisiennes, a causé d’énormes pertes financières à l’entreprise chargée de la gestion des autoroutes tunisiennes.

L’interpellation du syndicaliste était le prélude à une vague d’arrestations qui a débuté le week-end dernier et qui a ciblé des opposants au régime du président Kais Saied, dont des responsables politiques et d’anciens ministres.

Les personnalités arrêtées sont Noureddine Bhiri, dirigeant du mouvement Ennahdha et ancien ministre de la justice, Lazhari Akremi, avocat et ancien ministre délégué dans les premiers mois de la révolution de 2011, Khayem Turki, ancien ministre des Finances, Noureddine Boutar, directeur de la station de radio Mosaïque FM, l’homme d’affaires Kamel Ettaif et deux anciens magistrats soupçonnés de corruption. Pour expliquer ces arrestations, les autorités évoquent un complot contre la sûreté de l’Etat.

En Tunisie et à l’étranger, plusieurs voix ont dénoncé une dérive autoritaire et un recours abusif à la répression des opposants politiques.

Tunisie : l’opposition dénonce un « pourrissement »

La principale coalition de l’opposition tunisienne, le Front de salut national (FSN), a estimé que la Tunisie est entrée dans un « pourrissement politique » après ces arrestations « violentes et illégales ».  L’UGTT a pour sa part accusé les autorités de chercher à « étouffer » toute voix discordante.

A l’étranger, la principale réaction est venue du haut-commissaire de l’Organisation des nations-unies aux droits de l’homme qui a dénoncé « l’aggravation de la répression contre ceux qui sont perçus comme des opposants politiques » en Tunisie.

L’Allemagne a exprimé son inquiétude et a appelé les autorités tunisiennes à respecter « l’indépendance de la justice » et les « règles de l’Etat de droit » dans le pays.

Plus d’une année et demie après son coup de force constitutionnel, le président Kais Saied peine à imposer sa feuille de route politique. En juillet 2021, Saied, élu en octobre 2019, avait suspendu le Parlement, limogé le gouvernement et s’était octroyé les pleins pouvoirs en mettant notamment le parquet sous sa responsabilité directe.

Même si ces décisions n’ont pas donné lieu à des troubles malgré une crise économique étouffante, d’importantes manifestations ont toutefois eu lieu régulièrement dans la capitale Tunis et dans d’autres villes, réclamant des solutions à l’inflation (plus de 10%) et au chômage et le retour à la démocratie née de la révolution de 2011.

Le plus grand camouflet pour Kais Saied a été le taux de participation historiquement bas au premier tour des élections législatives du 17 décembre dernier, avec seulement 8% de votants. Au second tour, le 28 janvier, le boycott a été tout aussi significatif (11%). La campagne d’arrestations a débuté juste après.

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